Procès des "faucheurs d'OGM" Les neuf prévenus posent les questions de fond
Neuf élus et syndicalistes dont le député Verts Noël Mamère et José Bové, qui comparaissent mardi et mercredi devant la Cour d'appel de Toulouse pour un arrachage d'OGM en juillet 2004 à Menville (Haute-Garonne), ont fait de ce procès celui des essais d'OGM cultivés en plein champ mardi 20 septembre à la barre.
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"Oui, j'ai bien arraché symboliquement un plant de maïs à Menville, devant le manque de débat démocratique sur la question des OGM", ont déclaré chacun des prévenus, avant de longuement replacer leur geste dans le contexte d'un combat écologique et citoyen, faisant du prétoire une tribune pour un débat d'idées dont ils s'estimaient jusqu'ici "privés".
Les neuf hommes, parmi lesquels on compte 5 élus ou responsables Verts, risquent 5 ans de prison et 75.000 euros d'amende. Pour José Bové, dernier à prendre la parole, le fauchage était "un acte collectif, désintéressé, transparent, non violent". "Si nous n'avions pas mené cette action à Menville, nous n'aurions pas eu cet embryon de débat", a-t-il estimé, faisant allusion à la mission d'information demandée par l'Assemblée nationale en avril 2005. "Nous attendons le vrai débat", a-t-il ajouté, précisant qu'il était "prêt à retourner en prison", et que la cour devait soit "condamner les 9 faucheurs à la peine maximale, soit les relaxer".
"Il y avait impossibilité de provoquer un débat démocratique, et mon parti a donc dû entrer dans +l'illégalité légitime+ à travers ce geste", a expliqué Gilles Lemaire, ancien secrétaire national des Verts, pour qui les "Faucheurs volontaires" sont des "éveilleurs de conscience et des tireurs de sonnettes d'alarme".
Jean-Baptiste Libouban, fondateur du mouvement des "faucheurs volontaires", compagnon de lutte du pacifiste Lanza Del Vasto, a dit avoir agi "en tant que grand-père", racontant ses quarante ans de lutte contre la torture en Algérie, le colonialisme, le nucléaire, le camp militaire du Larzac ou la guerre en Irak. Il s'est dit "effaré, puis indigné, puis inquiet face à l'inconséquence du gouvernement français qui privilégie l'intérêt privé à l'intérêt général" dans le dossier des essais OGM en plein champ.
"J'étais ceint de mon écharpe d'élu européen, nous nous sommes attaqués à quelque chose d'illégal du point de vue du droit européen, car il y a un danger grave, imminent, irréversible", a expliqué le député européen Gérard Onesta (Verts) qui a brandi, dans un petit sac plastique, le morceau de pied de maïs qu'il avait coupé à Menville. Il a stigmatisé "la position hallucinante de la France qui envoie ses préfets dénoncer les arrêtés anti-OGM des maires", mais ne souscrit pas aux directives européennes sur ces cultures.
Pour le député Verts Noël Mamère, "chaque fois que les Verts ont voulu faire entrer le débat à l'Assemblée Nationale, on leur a dit +circulez, il n'y a rien à voir", citant les nombreuses demandes de création de commissions parlementaires "restées lettre morte". "Au regard du code pénal, j'ai commis un acte illégal, mais il n'existe pas de loi sur les OGM", a-t-il ajouté, citant "un état de nécessité par rapport à l'urgence".
Plusieurs témoins, dont le président du conseil général du Gers Philippe Martin (PS), qui souhaite la tenue d'un referendum départemental sur les OGM en plein champ, et Gisèle Halimi devaient déposer dans la soirée. Devant le palais de justice de Toulouse, plus d'une centaine de personnes se sont rassemblées toute la journée pour apporter un soutien coloré et musical aux prévenus.
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