Grippe aviaire Les chercheurs lancés dans la course au vaccin
Des chercheurs travaillent dans le monde à mettre au point un vaccin contre une éventuelle pandémie de grippe d'origine aviaire, sans connaître la forme exacte que pourrait prendre le virus, et tout en ayant à surmonter le handicap d'une faible capacité de production.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Mais les virus grippaux et en particulier le virus aviaire H5N1, qui semble le plus à même aujourd'hui de se transmettre un jour aisément à l'homme, brouillent les pistes en changeant incessamment. Ce qui n'empêche pas firmes et chercheurs de travailler à des "brouillons" de vaccin, appelés "prototypes ou vaccins pré-pandémiques", afin de gagner du temps si le virus adoptait une forme "humanisée" capable de déclencher une pandémie de grippe. Les prototypes de vaccins doivent ainsi prendre en compte les souches qui circulent. "Le virus pandémique peut se trouver proche aussi bien d'une souche H5N1 de 2005, de 2003, ou même de 1997", estime cependant Marie-José Quentin-Millet, directrice recherche et développement Sanofi-Pasteur, divisions vaccins du groupe Sanofi-Aventis.
Aux Etats-Unis, des premiers tests d'un prototype Sanofi-Pasteur (groupe Sanofi-Aventis) à base d'un virus tué ont montré qu'il induisait bien des anticorps protecteurs. "C'est une bonne nouvelle", s'est réjoui Anthony Fauci, directeur de l'Institut national américain des allergies et des maladies infectieuses (Niaid) Marie-José Quentin-Millet se dit "confiante que le prototype conférera un certain degré de protection contre un virus H5N1 pandémique". Une "protection croisée" que les chercheurs vont vérifier, indique-t-elle, avec les souches d'H5N1 circulant actuellement. En France, les tests ont été faits, précise-t-elle, avec des doses et un nombre d'injections différents, avec ou sans adjuvant, une substance chimique destinée à doper l'efficacité du vaccin.
Les prototypes constituent aussi un galop d'essai, avec l'idée, en tout cas en Europe, de raccourcir de quelques semaines les délais d'enregistrement pour le vaccin pandémique. "Ce serait simplement une variante", explique Mme Quentin-Millet. Avec la méthode traditionnelle, il faut un délai de 4 à 6 mois pour produire des millions de doses, selon elle. En France, la firme poursuit ses tests avec un prototype cousin de celui expérimenté aux Etats-Unis, fabriqué selon le procédé classique sur oeufs embryonnés. 500.000 oeufs par jour peuvent être utilisés pour produire en masse du vaccin contre la grippe saisonnière habituelle. Pour s'affranchir de ces oeufs (et des poules qui les pondent) qui doivent être sécurisés, notamment contre les virus aviaires, plusieurs firmes travaillent à un mode de production sur culture cellulaire (Asko-Nobel, Sanofi-Pasteur avec le néerlandais Crucell...).
Solvay commercialise déjà pour sa part un vaccin anti-grippe classique fabriqué sur cultures cellulaires, mais en quantités relativement limitées. Mais le danger pourrait aussi venir d'autres virus aviaires (H7, H9) sur lesquels les chercheurs, prudents, ont déjà travaillé. D'autres recherches visent des vaccins à base de vivants atténués (H9N2, H5N1) qui déclencheraient une réaction immunitaire plus robuste, mais la manipulation de tels virus, même atténués, pourrait présenter des risques. Autre piste, faire un vaccin en confectionnant en quelque sorte son virus (virus de grippe ordinaire ou virus du rhume banal neutralisé...) mixé avec des gènes aviaires, par exemple celui d'une de ses protéines de surface, l'hémagglutinine (HA), modifiée pour brider son agressivité.
Un projet américain utilisant un virus d'insecte serait bien avancé dans ce domaine. L'avantage serait de pouvoir obtenir du vaccin en grandes quantités tout en diminuant considérablement les délais de production. L'idéal serait un vaccin universel à base de composants ("antigènes") communs à plusieurs souches de la famille des virus grippaux A, dont font partie les virus aviaires H5 ou H7 et que l'on pourrait inclure dans le vaccin anti-grippal annuel.
Pour accéder à l'ensembles nos offres :