Réforme sucre Les ACP inquiets pour la survie de leur production
Contestée au sein de l'UE par certains pays membres ou dans les rangs des producteurs, la proposition de réforme du régime sucrier européen est aussi fustigée par les pays de la zone ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique), qui bénéficient d'un accès privilégié au marché européen.
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Pour ces pays, où la canne à sucre joue un rôle économique majeur, la baisse de 39% du prix garanti du sucre sur deux ans à partir de mi-2006 prévue dans le projet de réforme de la Commission européenne mettrait en péril leur production dans de nombreuses zones, avec des conséquences socio-économiques désastreuses. Conscients tout de même de la nécessité de revoir le système actuel, condamné par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), ils réclament une "réduction nette" des prix limitée à 19% et étalée sur huit ans. Dans leur combat, les ACP bénéficient du soutien d'organisations non gouvernementales comme Oxfam qui dénoncent une réforme contraire aux "intérêts des plus pauvres", une "opportunité ratée pour l'UE de montrer ses engagements au processus de l'OMC". L'agriculture, en particulier l'accès aux marchés des pays développés, est au coeur des discussions pour la libéralisation du commerce mondial qui feront l'objet d'une réunion des 148 pays de l'OMC le mois prochain à Hong Kong. "L'Europe pourrait envoyer une réelle impulsion aux pourparlers (commerciaux) dans l'impasse en réformant son régime sucrier dans le sens d'un soutien aux producteurs des pays pauvres", a récemment déclaré Oxfam dans un communiqué commun avec WWF International, les ACP et les pays les moins avancés (PMA).
Tous regrettent aussi que la réforme sucrière de l'UE ne prévoit aucune compensation pour les PMA et un soutien de seulement 40 millions d'euros pour les 18 pays ACP en 2006, alors que les producteurs européens recevront eux 5 milliards la même année pour s'adapter. Et s'ils ne se font pas entendre par les ministres européens de l'Agriculture la semaine prochaine à Bruxelles, les pays ACP n'excluent pas de faire remonter le dossier à Hong Kong. "Si nous continuons à sentir que nos préoccupations sont ignorées, nous pouvons anticiper de fortes répercutions à Hong Kong et au-delà. L'UE ne peut pas espérer des progrès à Hong Kong au détriment des ACP", a récemment déclaré l'ambassadeur George Bullen, responsable du dossier sucre pour les ACP.
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