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Elevage Une écloserie d'ormeaux à la conquête des marchés asiatiques

Très appréciés des gourmets du monde entier, des ormeaux naissent et grandissent dans la première écloserie bretonne qui espère en tirer un bon prix sur les marchés internationaux, notamment asiatiques.

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"Au marché en Bretagne, ça vaut 25-28 euros le kilo. Plus cher que le homard. Pour les Japonais, c'est un animal mythique. Pêchés traditionnellement, ils valent entre 60 et 100 euros", affirme Sylvain Huchette, patron de "France Haliotis", la première écloserie de Bretagne, à Plouguerneau (Finistère). Le jeune entrepreneur de 31 ans s'est installé en avril 2004 à quelques centaines de mètres de l'aber Wrac'h, site réputé depuis des siècles pour ses algues nourricières abondantes dont la qualité fait également le bonheur de l'industrie pharmaceutique. L'eau de ce bras de mer alimente les différents bassins spécialement conçus selon le cycle de l'animal dont le développement s'adapte bien à un climat frais. Quand les larves atteignent une maturité suffisante, elles se fixent sur des plaques immergées et "broutent" des algues rouges, vertes et brunes, comme le font les berniques. Un ormeau, qui grandit en moyenne de 2 cm par an, ne s'anime que la nuit, par crainte des prédateurs.

Les bébés ormeaux sont issus de reproducteurs locaux, de l'espèce "Haliotis Tuberculata", prélevés en pleine mer, après autorisation, à raison d'une centaine par an. Les gamètes sont obtenues par choc thermique. Les oeufs --deux millions pour chaque femelle-- pourront être récupérés pour partie (10-20%) au fond d'un bassin par filtrage de l'eau. Les manipulations sont toujours risquées car l'ormeau est hémophile et toute blessure entraîne immanquablement sa mort. "Des pêcheurs australiens ont fait fortune en se lançant dans la pêche à l'ormeau", fait remarquer M. Huchette qui espère suivre leur trace en exportant vers le Japon, la Corée et la Chine l'essentiel de sa production. Cette dernière devrait très vite atteindre une quinzaine de tonnes, seuil de rentabilité, pour un objectif de croisière d'une cinquantaine de tonnes.

Les premiers ormeaux quitteront les bassins de Plouguerneau pour être commercialisés à Noël 2006, lorsqu'ils auront atteint la taille de 5 à 6 cm. D'ici là, l'écloserie couvrira ses frais en vendant des juvéniles, notamment à des laboratoires de recherches ou à des conchyliculteurs espagnols de la région de Vigo qui élèvent le précieux gastéropode sur les mêmes planches que les huîtres. Avant de poser son sac dans le Nord-Finistère, avec un investissement de 500.000 euros, l'entrepreneur avait passé une thèse de doctorat à l'université de Melbourne sur l'ormeau. Il a reçu en 2003 et 2004 un prix de l'ANVAR, l'agence de valorisation de la recherche, pour cette "activité d'élevage et de pêche à forte valeur ajoutée qui sera pérennisée suivant des règles écologiques".

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