Raghuram Rajan (FMI) L'Union Européenne doit profiter du cycle de l'OMC pour "progresser dans les réformes"
Les négociations du cycle de Doha de l'OMC offrent à l'Europe "une excellente opportunité pour utiliser la pression extérieure afin de progresser dans les réformes internes", a indiqué jeudi 8 décembre à Bruxelles l'économiste en chef du Fonds monétaire international Raghuram Rajan.
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"L'Europe devrait utiliser le cycle de Doha d'une manière beaucoup plus efficace qu'elle ne l'a fait jusqu'à présent", a dit M. Rajan, au cours d'une conférence organisée par le Lisbon Council, un réseau libéral basé à Bruxelles. Il a estimé que le décollage économique des grands pays émergents, comme l'Inde, la Chine, le Brésil, s'accompagnait du développement d'une classe moyenne susceptible d'acquérir des produits manufacturés européens. "Ils veulent des sacs Vuitton et des automobiles Mercedes", a affirmé M. Rajan. "Obtenir un abaissement des barrières pour l'accès aux marchés de ces pays offrira la chance d'obtenir des gains à l'exportation qui compenseront très largement les pertes en agriculture", a poursuivi l'économiste indien.
A la conférence ministérielle de l'OMC qui s'ouvre le 13 décembre à Hong Kong, la délégation de l'UE va se trouver confronté à une forte pression des grands pays émergents pour élargir son offre d'ouverture des marchés agricoles en échange des concessions attendues sur les produits industriels et les services. Selon M. Rajan, les fermiers européens subventionnés forment un puissant lobby qui "joue de la nostalgie du public à l'égard du monde rural, même si les subventions vont généralement à des grandes entreprises".
Mais, a-t-il indiqué, les gains considérables pour la croissance économique mondiale attendus d'un succès du cycle de Doha permettraient "de traiter les conséquences négatives par différentes formes de compensation". Jeudi, le principal négociateur européen, le commissaire au Commerce Peter Mandelson, a de nouveau exclu une nouvelle offre de l'UE sur le volet agricole du cycle. "Nous sommes à la limite de notre mandat et il n'y pas d'incitation à faire une nouvelle offre", a-t-il dit. "Il n'y a tout simplement pas assez sur la table de négociation" sur les autres volets du cycle, a-t-il insisté.
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