Budget de l'Union Européenne La presse britannique accuse Blair d'avoir capitulé devant Paris
Alors que l'encre des signatures est à peine sèche au bas de l'accord sur le budget de l'UE, la majorité de la presse britannique dénonce samedi matin "la capitulation" de Tony Blair face à Paris et au président Jacques Chirac.
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"Blair, le perdant qui vaut 7 milliards de livres", titre le Sun, le plus lu des journaux britanniques, dans une attaque cinglante contre la concession faite par "un faible Premier ministre" sur un rabais arraché de haute lutte par Margaret Thatcher en 1984. "Il donne votre argent à l'Europe, mais il n'obtient rien en échange", s'insurge le journal, selon qui cette offre de Londres pour parvenir à un accord sur le budget de l'UE samedi matin à l'aube à Bruxelles va coûter "100 livres (147 euros) supplémentaires par an à chaque homme, femme et enfant britannique".
Même ton très dur chez le Daily Mail, qui parle de "la capitulation de Blair" et de "volte-face spectaculaire": "en échange d'une somme d'argent gigantesque, il n'a virtuellement rien obtenu", accuse le journal, opposant de longue date au Premier ministre. Plus modéré dans la forme mais tout aussi critique sur le fond, le Daily Telegraph (droite) accuse Tony Blair d'avoir "effectué sa plus grande dérobade sur l'Europe" en cédant une partie du rabais britannique "sans avoir obtenu le moindre engagement de la France sur une réforme plus rapide des subventions à l'agriculture". "Après les grands mots, la capitulation était la seule solution qui restait" à Tony Blair, ironise le Daily Telegraph, selon qui le Premier ministre "a cédé car l'UE ne pouvait se permettre un nouvel échec".
Pour le Telegraph, ce qui coûtera le plus cher à la Grande-Bretagne après ces négociations autour du budget, ce sont "les amitiés perdues" du côté des nouveaux états membres de l'UE: "Jusqu'à il y a quelques semaines encore, la Grande-Bretagne était le champion de l'élargissement, (...) mais est venue la querelle sur le budget". Selon un représentant polonais cité par le Telegraph, la Pologne a "abandonné toutes ses illusions +romantiques+ sur ses alliés comme Tony Blair": "+nous avons appris qu'il n'est pas question d'amitiés mais seulement de coalition d'intérêts+", explique ce diplomate. Seul le Times (conservateur) était un peu positif, estimant que M. Blair "a réussi ce que ses adversaires avaient longtemps estimé impossible, un accord sur le budget pour les sept prochaines années". Le quotidien souligne que la clause de réexamen en 2008 des dépenses de l'UE, y compris au niveau de la PAC, "est plus une pudique feuille de vigne qu'une véritable concession" de la part de Paris, "mais il est psychologiquement important que M. Blair ait réussi à briser l'insistance absurde de M. Chirac selon qui les dépenses agricoles doivent rester intactes", écrit-il. De même, le Times se félicite que le Premier ministre britannique ait reçu l'aide d'Angela Merkel, la nouvelle chancelière allemande, "qui a créé un précédent important en ne s'associant pas systématiquement (à) Paris".
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