Fiche maladie Comment maîtriser la septoriose en 2006
La septoriose est l’une des maladies la plus fréquente dans le nord de la France sur la culture du blé. Deux champignons peuvent provoquer cette affection : Septoria nodorum et Septoria tritici. Présentation de la maladie et du modèle développé par l'agriculteur Luc Lorin.
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La septoriose est représentée par deux champignons cryptogamiques : Septoria nodorum et Septoria tritici. La septoriose nodorum est une maladie que l’on rencontre le plus souvent sur épis mais également sur feuilles sous des climats à tendance continentale. Sous nos latitudes du nord de la France on rencontre le plus souvent la septoriose tritici.
Présentation de la maladie
A l’automne, les contaminations primaires sont en grande partie dues aux ascospores qui proviennent des périthèces formés sur les résidus de récolte. A l’issue de l’incubation de la maladie, les pycnides vont éjecter les pycnidiospores dans un cirrhe transparent. Cet enrobage a pour rôle de protéger les pycnidiospores des conditions climatiques défavorables.
Sous l'action de la pluie (minimum d’intensité de pluie supérieur à 1 mm/heure), ils vont pouvoir se propager à l’étage supérieur foliaire. Au cours de l’hiver, si les conditions météo sont optimales, plusieurs cycles vont se succéder, préparant la pression de l’inoculum pour le printemps. Durant la montaison, la maladie explosera plus ou moins vite selon les températures, la pluie et la pression de l’inoculum de départ.
Pour garantir une contamination réussie, les pycnidiospores ont besoin d’une période d’humidité, dite de saturation, d’au moins 15 à 20 heures. En ce qui concerne la température, celle-ci doit être comprise entre 2 et 37 °C. La durée de latence, c'est-à-dire la durée entre la contamination et l’expression visuelle de la maladie est de 17 jours à 15°C et de 30 jours à 6 °C.
En ce qui concerne les facteurs agronomiques, seul l’effet variétal reste le plus important. Actuellement, aucune variété n’est potentiellement résistante à la septoriose, mais il existe de grandes différence de résistance entre les sensibles (Orvantis, Scipion) et les tolérantes ( Parador, Eveil, Mendel). La résistance à la septoriose tritici n’implique pas forcément une résistance à la septoriose nodorum.
Attention aux notes de résistances variétales à la septoriose que l’on peut trouver dans différents tableaux car cette valeur est celle de la résistance de la septoriose nodorum sur épis, et elle n’a rien à voir avec la note de résistance de la septoriose tritici sur feuilles.
Cas concret: Modélisation de la septoriose tritici en Eure-et-Loir en 2005 sur l'exploitation de Luc Lorin
Je souhaite vous faire partager un modèle que j’ai fini de développer et qui permet de modéliser la septoriose tritici sur feuille.
La modélisation ci-dessous résulte de données météo de mon exploitationsituée à Digny en Eure-et-Loir. Le modèle a besoin d’être alimenté quotidiennement de la température mini et maxi de la pluviométrie et pour affiner la prévision, de l’hygrométrie (cette dernière variable n’est pas obligatoire).
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Les contaminations
Pour connaître les jours de contaminations, il suffit de regarder les histogrammes. Ils sont de quatre couleurs. En rose, on retrouve les contaminations dont les tâches sont visibles. En vert, ce sont les contaminations dont les taches commencent à être visibles. En rouge, les contaminations en cours d’incubation et en bleu, les contaminations prévues avec les prévisions météo jusqu'à la fin du cycle de la culture.
Il est possible de connaître les dates d’explosion de chacune des contaminations, puisque le modèle calcule pour chaque jour la durée d’incubation matérialisée par la courbe grise. Le calcul de l’incubation repose sur trois variables : température, variété, et type de feuille (F1, F2, F3, F4).
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La pression de la septoriose tritici en Eure-et-Loir
Elle est représentée par 3 courbes : la verte correspond à la modélisation de l’année 1996, une année où la pression en maladie était très faible: une seule intervention fongicide a été nécessaire. La courbe rouge correspond à la modélisation de l’année 2001, année à pression élevée et dont les interventions fongicides étaient au nombre de 2 ou 3. La comparaison de la courbe de l’année 2005 en bleu avec les deux autres permet d’évaluer la pression maladie au cours du cycle de végétation.
Cette année 2005, on peut remarquer qu’à partir du 22 mars, un nombre important de contaminations s’est produit, préparant ainsi l’inoculum de départ en quantité importante, le temps d’incubation a été de 20 jours, ce qui a développé des tâches à partir du 15 avril.
Vers le 15-20 avril, des pluies sont intervenues. Elles ont permis de contaminer les nouveaux étages foliaires supérieurs, en quantité importante puisque l’inoculum était très élevé.
C’est à ce moment que je suis intervenu dans mes parcelles pour effectuer mon premier fongicide sur les variétés sensibles puisque le seuil était atteint le 20 avril.
Les personnes qui sont intervenues début mai sur des variétés sensibles, protégeaient des feuilles qui étaient en fin d’incubation tout en étant saines visuellement. Les produits utilisés actuellement sont curatifs dans une certaine mesure, ils n’ont donc pas stoppé la totalité des contaminations en incubation.
Les variétés semés après le 25 octobre avaient une pression maladie beaucoup moins prononcée comme nous pouvons le voir dans le graphique suivant et d’autant plus si la variété était plus tolérante (ex : mendel). Le seuil d’intervention était dépassé le 5 mai.
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Exemple de modélisation arrêté à la date du 14 mai 2005 |
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A mon avis, pour les années à venir, il sera plus utile de raisonner son intervention, non pas en tâches visibles sur les feuilles, (le seuil utilisé à ce jour étant de 20 à 30 % des F3 avec des tâches visibles après le stade 2 nœuds, implique une intervention) mais plutôt en pourcentage de feuilles ayant des tâches en incubation.
C’est ce que je propose dans le deuxième module de mon modèle. J’ai développé des algorithmes afin de modéliser le pourcentage de feuilles contaminées et en incubation. Le but étant bien-sûr d’anticiper d’une vingtaine de jours sur la septoriose ce qui correspond à une durée d’incubation.
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Exemple de modélisation arrête à la date du 14 Mai 2005 |
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En conclusion, il est important de toujours avoir une longueur d’avance sur la maladie et donc de raisonner avec des contaminations en cours d’incubation et non pas avec des tâches visibles. Il est vrai que sans modèle maladie, il est impossible d’avoir ce type de raisonnement.
La conjoncture économique nous pousse à diminuer les doses de fongicide, mais il faut être beaucoup plus précis dans le positionnement du jour de l’intervention. Une dose élevée maîtrise sans problème les fortes pressions de maladies mais pour une dose N/2 ou N/3, la partie éradiquante de celle-ci est pratiquement nulle. Cette année, avec une variété sensible à la septoriose, il pouvait y avoir une perte de plus de 1 quintal par jour de retard pour l’intervention au stade 2 nœuds !
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