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Morts de grippe aviaire en Turquie Des failles dans le contrôle

La mort de deux adolescents en Turquie, attribuée officiellement à la grippe aviaire, révèle des failles dans les mesures adoptées par Ankara pour contrôler la maladie, a indiqué jeudi 5 janvier à l'AFP le directeur adjoint de l'Organisation internationale des épizooties (OIE), le Dr Jean-Luc Angot.

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"Il est assez étonnant qu'on ait tant de cas positifs" de personnes atteintes par le virus en Turquie, "compte tenu du faible nombre de foyers de contamination chez les volailles et face à une situation beaucoup mieux contrôlée qu'elle ne l'est en Asie du sud-est", a souligné le Dr Angot. La Turquie a "pris des mesures draconiennes très rapidement" contre le virus hautement pathogène H5N1, d'abord détecté en octobre dans un élevage du nord-ouest. Les autorités avaient même annoncé en décembre avoir éradiqué la maladie, qui a tué 74 personnes et des millions de volailles depuis 2003 en Asie du sud-est. "Au total, on n'a pas beaucoup de foyers en Turquie", contrairement à l'Asie où les contacts se sont multipliés entre oiseaux malades et humains, a remarqué le vétérinaire.

Aussi l'une des premières tâches de la mission de l'Organisation mondiale de la Santé et de l'Union européenne qui doit se rendre sur place sera-t-elle de vérifier si les deux adolescents, ainsi que sept autres personnes de la même région de l'est de la Turquie apparemment contaminées, ont bien contracté le virus, a-t-il expliqué. Le Laboratoire national d'Ankara a détecté chez ces personnes un virus de grippe aviaire de type H5. Il va falloir affiner les analyses, afin de déterminer s'il s'agit du redouté H5N1. Les experts de la mission vont également chercher à déterminer "si c'est vraiment la contamination qui a entraîné la mort des enfants", a continué M. Angot. Il n'est en effet pas à exclure qu'ils soient porteurs d'un virus de grippe aviaire contracté lors de contacts quotidiens avec les volailles, sans que ce soit pour autant ce virus qui ait entraîné la mort. "Il faut faire d'autres prélèvements pour voir s'il n'y a pas d'autres agents pathogènes", a indiqué le responsable de l'OIE.

"En Asie, cela n'a pas été fait systématiquement, les conditions sont difficiles. A chaque fois qu'on a retrouvé le virus, on a dit que c'était à cause de lui que les gens étaient morts. Là, il faut qu'on puisse le prouver". Autre question soulevée par la contamination en Turquie: comment le virus H5N1, si c'est bien lui, a-t-il pu se propager ainsi dans le pays en dépit des mesures d'abattage et de quarantaine rapidement appliquées? "La période est un peu étonnante", selon le Dr Angot. Les oiseaux migrateurs, principal vecteur de diffusion du virus, "sont plutôt en Afrique maintenant". Et pourtant, "le virus est resté en Turquie et a réussi à diffuser".

Ce qui pose le problème des transports illégaux de volailles, mais aussi de la détection des foyers, remarque le vétérinaire. "Pour être sûr que les éleveurs déclarent bien les cas" de volatiles malades, "il faut qu'ils soient correctement indemnisés". En l'état, l'expert a exclu que le H5N1 ait franchi l'étape d'une mutation du virus en une forme transmissible d'humain à humain: selon les informations disponibles, "il n'y a pas de preuve de recombinaison (avec le patrimoine génétique d'un virus de maladie humaine) et d'apparition d'un nouveau virus".

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