Aïd-el-Kébir La grande distribution se lance sur le marché des moutons de l'Aïd
Les grands distributeurs cherchent à se lancer dans le marché juteux des moutons consommés par les musulmans lors de la Fête du Sacrifice, l'Aïd al-Adha, qui commence mardi, mais les premiers résultats apparaissent jusqu'ici très modestes.
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Les responsables musulmans entendent que les abattages soient faits selon le rite spécifique de l'Aïd, c'est-à-dire après la prière du mardi matin, ce qui suppose un délai après les contrôles d'usage. Ils redoutent que les musulmans se voient proposer de la simple viande "halal", abattue selon les préceptes islamiques. Lors du dernier Aïd, célébrant l'acceptation par Abraham (Ibrahim) du sacrifice de son fils Ismaïl, 121.720 moutons avaient été abattus régulièrement et 1.581 de façon "clandestine" et sanctionnée, selon le ministère de l'Agriculture.
De nombreux abattages clandestins doivent s'ajouter à ces chiffres. Les moutons étant vendus aux alentours de 150 euros, le marché peut avoisiner les 20 millions d'euros. Les grands distributeurs - Carrefour, Intermarché, Auchan ou Metro - veulent pénétrer ce marché et assurent se conformer totalement aux règles islamiques. Mais ils semblent avoir du mal à supplanter les bouchers traditionnels musulmans. L'un des vice-présidents du Conseil français du culte musulman (CFCM), Fouad Alaoui, s'est inquiété dimanche de l'"immense zone d'ombre" entourant l'opération. "Des milliers de consommateurs risquent d'être induits en erreur car il semble que l'on mélange la viande +halal+ et le sacrifice", a dit M. Alaoui, également premier vice-président de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). Il a aussi dénoncé "le flou total sur l'origine des moutons et la traçabilité". Des pancartes, repérées par les conseils régionaux du culte musulman (CRCM) d'Ile-de-France, proposent, dans différents magasins Carrefour de région parisienne, "votre mouton disponible du 9 au 14 janvier", selon M. Alaoui.
Ces magasins affichent l'agrément de la grande mosquée de Paris et de celle d'Evry, deux des trois - avec celle de Lyon - qui détiennent le monopole des cartes de sacrificateurs. M. Alaoui suppose que cet agrément porte simplement sur le halal et estime que "cela repose la question du rôle du CFCM dans l'organisation de ce marché". A Gennevilliers (Hauts-de-Seine) le projet initial de proposer 1.000 moutons du 10 au 12 - l'Aïd durant trois jours - n'a pu se réaliser, explique Karim Amrani, directeur adjoint du Carrefour local. Seulement 200 à 300 seront vendus, sans doute pas avant le 13, donc après l'Aïd, les responsables musulmans n'ayant pu obtenir que les moutons soient abattus sous leur contrôle et en temps opportun.
M. Amrani a indiqué: nous n'avons pas obtenu les commandes prévues. Il y a l'abattage, le refroidissement des carcasses, les contrôles, le transport en France. Les délais sont trop courts. Ce que nous ferons ne sera pas une opération rentable, mais il nous est impossible de livrer les moutons en temps voulu, et je suis très respectueux des règles de l'islam, ma religion". "Je suis déçu, comme le seront sans doute les 12.500 musulmans de notre ville. Je comptais partir lundi en Irlande pour contrôler les abattages. Cela ne se fait pas", ajoute Aïssa Nhari, un responsable de la mosquée locale. "Je comprends mal pourquoi les distributeurs qui veulent ce marché juteux des moutons ne peuvent faire abattre en France, en concertation musulmane. Préparons l'année prochaine".
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