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Grippe aviaire Mutation d'un unique virus en Turquie : trop tôt pour le dire plus dangereux

Une mutation isolée d'un virus de la grippe aviaire H5N1 a été constatée chez un enfant turc décédé, mais il est trop tôt, selon des experts de l'OMS et de l'institut Pasteur, pour en conclure que le virus pourrait être devenu plus dangereux pour l'homme.

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"Nous n'avons aucune information suggérant que ce virus est plus pathogène ou plus dangereux que les autres virus", a déclaré à l'AFP la porte-parole de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) Maria Cheng. "Nous avons vu une mutation en un point sur la protéine hémaglutinine qui permet au virus de se fixer aux cellules humaines, mais comme les virus de la grippe mutent tout le temps", nous ne pouvons pas déterminer si cela aura un impact, a ajouté Mme Cheng. Il reste aussi, souligne-t-elle, à savoir si la mutation constatée sur un virus d'un patient turc reste isolée ou si beaucoup d'autres virus venant de Turquie en sont porteurs.

D'après un communiqué commun publié jeudi soir par l'OMS et le Conseil de recherche médical britannique, le virus prélevé sur un patient turc pourrait présenter davantage d'affinité pour les récepteurs (portes d'entrée) des cellules humaines que ceux des cellules des oiseaux. "Les virus de Hong Kong en 2003 se fixaient plus volontiers sur les récepteurs des cellules humaines que sur les récepteurs des cellules des oiseaux. Les chercheurs pensent que le virus turc va présenter les mêmes caractéristiques", précisait ce communiqué. Depuis que le virus H5N1 a entrainé mort d'homme pour la première fois à Hong Kong en 1997 (18 cas, 6 décès) avant de frapper à nouveau en février 2003 à Hong Kong (2 cas, 1 décès) et de s'étendre, voici deux ans, à d'autres pays d'Asie, les experts redoutent qu'il s'adapte à l'homme au point de devenir contagieux entre humains. Depuis fin 2003, près de 150 millions de volatiles ont succombé au virus ou aux opérations d'abattage, et l'homme n'a été touché qu'à la marge, avec quelque 80 décès confirmés par l'OMS. La mutation, constatée par les chercheurs britanniques, pourrait-elle faire craindre une progression du virus dans son adaptation à l'homme? Elle "concerne une seule souche virale, alors nous ne pensons pas qu'il serait sage de se lancer dans une généralisation", répond la porte-parole de l'OMS, jugeant qu'il est également "trop tôt" pour dire si ce type de virus pourrait se transmettre plus facilement des oiseaux à l'homme. Pour le momment, il n'y a, dit-elle, "aucune preuve que le virus ait changé de comportement" et rien n'indique qu'une contamination interhumaine soit facilitée.

Les virus retrouvés chez les oiseaux et chez l'homme en Turquie sont "très, très similaires", ce qui signifie que l'épidémie humaine est directement causée par les virus véhiculés par les volatiles, explique encore Mme Cheng. Selon les analyses faites dans le laboratoire britannique, les virus prélevés sur les patients turcs restent également très proches des virus repérés lors de la large épidémie qui a touché des oiseaux migrateurs dans la réserve naturelle du lac Qinghai en Chine, fin avril 2005. Le type de mutation constaté en 2003 à Hong Kong "n"a pas entrainé de répercussion" en termes de propagation de l'épidémie, note une microbiologiste de l'Institut Pasteur à Paris, Anna Burger. Le "nombre de cas a continué à évoluer de façon tout à fait sporadique" pour atteindre quelque 150 cas en plus de deux ans, s'il y avait "une transmission interhumaine efficace" on assisterait à une "explosion" de cas. "C'est ça que tout le monde craint et essaie de traquer", ajoute cette spécialiste, précisant qu'il faut "un peu de temps" pour analyser les résultats britanniques et l'évolution de l'épidémie sur le terrain.

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