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Premier foyer de H5N1 en Afrique La maladie gagne un continent démuni

Un premier foyer de grippe aviaire de type H5N1 a été décelé en Afrique, dans un élevage du nord du Nigeria, confirmant les craintes que la maladie ait gagné ce continent démuni.

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"Les autorités nigérianes ont officiellement averti l'OIE d'une éruption de grippe aviaire", le 10 janvier, dans une batterie de poules pondeuses de l'Etat de Kaduna, dans le village de Jaji, au nord du pays, a annoncé mercredi à Paris l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE). "Il s'agit du premier foyer" du virus H5N1 sur le continent africain, a précisé à l'AFP la porte-parole de l'OIE, Maria Zampaglione. Les autorités nigérianes ont immédiatement pris des mesures d'abattage de la volaille, de mise en quarantaine de la zone et de contrôle des transports d'animaux dans le pays.

Le virus de la ferme de Jaji a été identifié par un laboratoire de référence à Padoue (Italie) comme étant une souche hautement pathogène du H5N1 présentant les mêmes caractéristiques génétiques que la souche turque, elle-même très proche de celle du lac chinois de Qing Hai, foyer d'origine de l'épizootie. Depuis que le virus est réapparu en 2003 en Asie, 165 cas humains ont été confirmés, dont 88 mortels. La transmission s'est toujours faite de l'animal à l'homme. Les experts craignaient depuis des mois une éruption d'influenza aviaire en Afrique, continent mal équipé pour contenir une épizootie à grande échelle et où les conditions de vie sont propices à une transmission de la volaille à l'homme.

Le lac Tchad et la vallée du Rift abritent de nombreux oiseaux migrateurs pendant l'hiver de l'hémisphère nord, ces mêmes oiseaux sauvages qui ont contribué à répandre la souche asiatique du virus H5N1 en Europe et au Proche Orient. "C'est préoccupant parce que la maladie s'est installée sur le continent africain", qui ne dispose pas d'une "infrastructure vétérinaire de surveillance, de détection et de contrôle suffisante", a déclaré à l'AFP le directeur-général adjoint de l'OIE, Jean-Luc Angot. Un système d'alerte suppose un investissement très lourd, des flottes de véhicules, des laboratoires et des équipements pour la chaîne du froid protégeant les prélèvements. C'est pour cela que l'OIE va préconiser une vaccination massive des volailles autour des foyers d'infection, a expliqué le Dr Angot.

L'OIE, qui a dépêché une équipe sur place avec l'agence des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), proposera une aide financière d'urgence. Il faut également que les pays proches et situés sur la route des oiseaux migrateurs, notamment le Tchad, "renforcent leur vigilance", a souligné le vétérinaire. Aucun des dépistages menés par la FAO sur les oiseaux sauvages ne s'est révélé positif, et certains espéraient que les migrateurs malades seraient incapables de poursuivre leur long périple jusqu'à terme, épargnant l'Afrique.

Mais "la contamination du Nigeria démontre que des oiseaux sauvages résistent au virus et sont capables de le transporter sur de longues distances", a remarqué le Dr Angot. D'où une inquiétude accrue pour l'Europe, que les oiseaux migrateurs regagneront au printemps. "Les risques de contaminations entre oiseaux sont d'autant plus élevés que la maladie est endémique". Et, "en Afrique, il y a de grandes chances que si la maladie s'installe, elle s'installe pour longtemps".

Si le premier foyer décelé sur le continent l'a été dans une ferme importante, c'est que "la mortalité y est apparue plus facilement", a estimé le vétérinaire. 40.000 oiseaux sur les 46.000 poules, oies et autruches que compte l'élevage ont été tués par le virus, les premiers décès ayant été imputés à un colibacille. Les 6.000 autres ont été abattus. "Ce qu'on craint, a-t-il continué, c'est que si le virus atteint de petits élevages, qui constituent les revenus de la famille, les gens ne déclarent pas la maladie et même consomment les volailles". En réaction à l'annonce de ce premier foyer sur le contient africain, l'Afrique du Sud a annoncé qu'elle allait interdire les importations de volaille en provenance du Nigeria. Toutefois, Pretoria n'augmentera pas ses mesures de précaution, le foyer étant très éloigné de l'Afrique australe, a déclaré le porte-parole du ministère, David Tshabalala.

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