Manque d'eau Une troisième sécheresse d'affilée inévitable en France
Un printemps "pourri" suffirait à peine à refaire les niveaux: les déficits cumulés depuis la fin de l'été sur la majeure partie de la France confirment les perspectives d'une troisième année de sécheresse consécutive.
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La situation est jugée préoccupante par les experts et la ministre de l'Ecologie Nelly Olin réunit le comité sécheresse mercredi à Paris, en présence de son collègue de l'Agriculture, Dominique Bussereau. Météorologues et hydrologues estiment que des pluies soutenues dès à présent et jusqu'au début de mai ne suffiraient plus à combler les manques déjà criants dans la plupart des régions. "Après un automne sec, le mois de janvier a été globalement très déficitaire sur l'ensemble de la France, sauf sur l'extrême sud, où la pluie et la neige sont tombées en abondance les derniers jours du mois", constate Michel Schneider, responsable des analyses du climat à Météo France.
"Ailleurs, le déficit est généralisé. On se retrouve dans une situation analogue à celle de l'an dernier et même plus préoccupante", souligne-t-il. Les conséquences pèsent sur les nappes phréatiques qui se rechargent habituellement de septembre à novembre. "La recharge des nappes, en fin d'automne et début d'hiver, a été pour l'instant extrêmement faible sinon nulle en beaucoup d'endroits et la situation, qui fait suite à une année particulièrement sèche, a empiré", renchérit Yves Noël, hydrogéologue du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). "Le niveau des nappes s'est au mieux stabilisé en janvier, ou a continué à baisser. On se retrouve dans beaucoup d'endroits pour cette période de l'année dans un situation qu'on ne rencontre que tous les dix ans et même plus", ajoute-t-il.
Les points les plus critiques se trouvent dans le Bassin parisien, où la nappe de la Craie qui arrose l'ensemble de la région a fortement baissé, dans le sud et l'ouest de la région Centre, le nord-Poitou, en Champagne-Ardennes et le nord de Rhône-Alpes. La seule situation "normale voire excédentaire" est en Languedoc-Roussillon et en Corse, alors que le département des Deux-Sèvres reconduit depuis déjà près d'un an les mesures de restrictions. "Dans la Somme, la nappe de la Craie était en débordement il y a trois ans et se trouve aujourd'hui à son plus bas niveau en dix ans. La nappe de Beauce, à son plus haut niveau en 2003, n'a cessé de baisser depuis. Mais comme elle était très haute, elle reste encore proche de la normale", détaille M. Noël.
Selon lui, "il faudrait qu'il pleuve énormément dès maintenant jusqu'au début du mois de mai pour espérer pallier en partie le déficit. Après, c'est trop tard car la végétation absorbe toute l'eau", explique M. Noël. Si certaines nappes, de tailles plus réduites, peuvent se recharger rapidement en cas de pluies abondantes, ce ne sera pas le cas des plus grandes - dont la Craie, la Beauce ou l'Alsace - qui fluctuent sur plusieurs années. Celles-là ne sont pas menacées de se vider complètement, mais leur baisse génèrera des problèmes de débit dans les rivières, menaçant au passage les poissons et la végétation. Et si les captages s'avèrent insuffisants pour satisfaire toutes les demandes, les multiples usagers de l'eau devront finir par s'entendre sur les priorités.
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