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Eau L'agriculture, première consommatrice dans le monde

L'agriculture représente 70% des prélèvements d'eau dans le monde, mais de nombreuses pratiques locales traditionnelles montrent l'exemple d'une gestion respectueuse de la ressource, explique Marie-Françoise Courel, géographe, présidente de l'Ecole pratique des hautes études à Paris et chercheuse au CNRS: Q: La consommation d'eau par l'agriculture est-elle soutenable à long terme ? R: Dans les zones arides, l'irrigation entraîne presque toujours de grosses déperditions d'eau liées à son évaporation. Le succès de la "révolution verte" dans les années 80 était basé sur un investissement massif : construction de barrages et prélèvements dans les fleuves pour remplir des canaux d'irrigation, sans mesurer l'impact de ces prélèvements sur les autres usages.

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Mais aujourd'hui, les agriculteurs sont chaque fois plus dépendants de l'eau souterraine, extraite de manière "non soutenable". L'Inde est un exemple flagrant, mais l'anarchie dans les eaux souterraines de la planète se retrouve en Chine, Iran, Indonésie, Brésil, Mexique, Maroc, jusqu'aux Etats-Unis qui vident leurs réserves souterraines pour produire des denrées d'exportations. L'Arabie Saoudite est un cas extrême: elle cultive du blé en plein désert alors que le pays n'en consomme pas et que 90 % de l'eau servant à l'irrigation s'évapore dans l'atmosphère!

Q: Faut-il incriminer l'agriculture intensive des pays développés ou les pratiques d'irrigation en général?

R: La notion "d'eau virtuelle" est ici importante: elle désigne l'eau utilisée pour la culture et la manufacture des produits du commerce international. Produire 1 litre de lait exige 2.000 litres d'eau; 1 kg de blé 1.000 l; un tee-shirt de coton 7.000 l ou 1kg de viande de boeuf 20.000 l. Mais l'eau est économisée par celui qui importe le bien. Les pratiques traditionnelles sont souvent intelligentes, surtout là où l'eau est rare. Il faut les valoriser et leur associer les techniques actuelles. Le Cap Vert, par exemple, utilise des pratiques traditionnelles de culture en terrasse alliées à des techniques plus modernes de récupération par condensation de l'eau de montagne, assurant un goutte-à-goutte efficace. D'autres systèmes respectueux de la ressource ont été mis en place à travers le monde - "horloges à eau" au Népal central, "kariz" en Chine ou "kanat" en Iran : ce sont des systèmes de canalisation d'eau souterrains qui la préservent de l'évaporation tout en évitant la salinisation de la terre.

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