Login

H5N1 L'Indonésie, "bombe à retardement" pour la région, avertit l'OIE

Le nombre de foyers de grippe aviaire qui persistent en Indonésie en font une "bombe à retardement pour la région", a averti vendredi à Paris le directeur de l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE), Bernard Vallat, dans un entretien avec l'AFP.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

La situation dans ce pays-archipel, "un des seuls pays d'Asie" où se maintient un grand nombre de foyers d'infection par la souche asiatique du virus H5N1, soulève "de grandes inquiétudes", a déclaré M. Vallat. "L'Indonésie continue à être une bombe à retardement pour la région", a-t-il dit, appelant à ce que "le gouvernement indonésien, dans son intérêt et dans l'intérêt de la communauté internationale, prenne les décisions politiques qui s'imposent" pour renforcer son contrôle et que "les bailleurs de fonds interviennent massivement" pour l'y aider. "On peut parfaitement faire une corrélation entre le nombre de cas chez l'animal et le nombre de cas humains détectés", a souligné le directeur de l'OIE. "On continue à observer des cas humains en Indonésie alors que, depuis qu'il n'y a plus de foyers chez les oiseaux au Vietnam et en Thaïlande, il n'y a plus de cas humains".

Dans ces deux pays proches, où la crise de la grippe aviaire a éclaté en même temps qu'en Indonésie, fin 2003, "il n'y a plus de cas chez l'animal, depuis maintenant 3 mois", a-t-il indiqué. L'Indonésie compte 24 morts de la grippe aviaire, sur 33 personnes contaminées par le virus, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS). "Les pays voisins ont prouvé que l'on pouvait éradiquer le virus par des mesures politiques et techniques, en coordination avec les organisations internationales et des bailleurs de fonds comme la Banque mondiale", a estimé M. Vallat. "C'est extrêmement encourageant".

La Thaïlande a choisi de mettre en place un gigantesque réseau d'informateurs, 900.000 personnes chargées, jusque dans le moindre village, d'avertir de l'éruption de tout nouveau foyer. Le Vietnam, face à la multiplication des foyers sur son territoire, a adopté une campagne de vaccination massive de la volaille. Cette mesure, très coûteuse et qui demande une logistique rigoureuse, a permis d'enrayer la progression de la maladie, avant de revenir à une logique plus ponctuelle de détection et isolement des foyers, avec abattage des volailles contaminées.

L'Indonésie doit composer avec un territoire très peuplé et morcelé en centaines d'îles, ce qui complique les déplacements, les communications et explique en partie "les difficultés du gouvernement à assurer un contrôle global de l'ensemble du territoire", a relevé le directeur de l'OIE. Mais "il y a aussi un problème d'organisation de l'Etat", a-t-il ajouté : Jakarta a instauré une "forte décentralisation", alors que la lutte contre les maladies animales implique selon lui "une chaîne de commande nationale structurée et un pouvoir central capable de faire imposer une législation nationale sur l'ensemble du territoire".

Le même problème s'est posé en Chine, qui a redéfini "les pouvoirs des gouverneurs en matière d'information sanitaire et d'application des mesures de santé animale", a indiqué M. Vallat. En outre, a poursuivi le haut responsable, l'Indonésie ne dispose pas des ressources financières pour gérer la crise. "Sans un appui international massif, on ne peut pas espérer à court ou moyen terme que le virus soit contrôlé et éradiqué dans ce pays".

La ministre indonésienne de l'Agriculture, Delima Hasri Azahari, a indiqué lundi au quotidien Jakarta Post qu'elle devait renoncer à une campagne de vaccination massive des 300 millions de volailles du pays, prévue en mai et juin, faute d'un budget suffisant.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement