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3 questions à François Veillerette president du Mdrgf Face aux pesticides, des alternatives viables

La France est le premier consommateur européen et le troisième mondial de pesticides, avec de graves conséquences sur la santé et l'environnement. Mais de nombreuses alternatives viables existent, au champ comme au jardin, assure à l'Afp François Veillerette, président du Mouvement pour le droit et le respect des générations futures (Mdrgf).

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Un collectif d'une centaine d'associations fédérées par le Mdrgf organisait la semaine dernière une semaine de mobilisation contre les pesticides.

Pourquoi la France est-elle si grosse consommatrice de produits phytosanitaires ?
La France a une grande surface agricole et un type d'agriculture fondé sur des productions spécialisées et intensives, pas seulement dans les céréales mais aussi dans l'arboriculture fruitière: on pratique en moyenne 27 traitements sur les pommes, parfois plus. La viticulture, sur 3 à 4 % de la surface agricole utile, utilise 20 % des pesticides. Il ne faut pas pour autant exonérer les jardiniers, qui utilisent près de 8 % des produits vendus, ou les espaces verts (2 %). Mais il faut développer des systèmes agronomiques qui recourent à peu ou pas du tout de pesticides.

Y-a-t-il des alternatives viables en agriculture ?
Il faut changer les systèmes de productions actuels - monovariétés sur d'immenses surfaces - pour aller vers des systèmes de semis moins serrés, des variétés plus résistantes aux maladies, travailler la fertilité du sol pour réduire les engrais et maintenir la biodiversité pour entretenir oiseaux et insectes utiles, qui contrecarrent l'explosion des ravageurs. Dans un rapport de décembre dernier, l'Inra cite en exemple deux alternatives: la production bio, vers laquelle tendre en absolu, et le système de "production intégrée" qui associe techniques du bio et utilisation de quantités moindres de pesticides (la moitié environ par rapport aux cultures conventionnelles).

Les agriculteurs devront-ils se résoudre à accepter des baisses de rendements ?
Il faut surtout mettre en place une taxation des pesticides, essentielle pour rendre les agricultures qui ne les utilisent pas ou peu, plus compétitives: la petite baisse de rendement, donc de revenu, d'un côté serait ainsi compensée par la baisse de charges sur les produits chimiques. C'est ce que font le Danemark - pris en exemple par l'Inra - qui a diminué de moitié sa consommation en 10 ans, la Suède, la Norvège, ou la Suisse, où les deux-tiers des surfaces agricoles sont en production intégrée.

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