Les maladies fongiques de l’orge La rouille naine (Puccinia hordei)

Incidence économique

La rouille naine de l'orge se manifeste régulièrement dans toutes les régions de culture, avec une incidence accrue dans les années chaudes et sèches. Les dommages sont en général plus importants sur l'orge de printemps qui bénéficie pendant sa croissance de conditions climatiques plus chaudes que l'orge d'hiver. Une forte attaque entraîne une chute du poids de mille grains jusqu'à 30 % et une diminution du nombre de grains par épi. L'orge de brasserie voit ses qualités de maltage amoindries.

Contamination, propagation et conservation

La rouille naine est un parasite obligatoire. A ce titre, elle dépend entièrement d'un tissu végétal sain. Elle survit surtout sous sa forme asexuée à l'état de mycélium. Après la récolte, le champignon s'installe sur les talles secondaires et les repousses de céréales. Il passe ensuite sur les semis précoces d'orge d'hiver, et migre de là sur l'orge de printemps. Ce parasite peut également accomplir tout son cycle de croissance à travers des hôtes intermédiaires, ce qui est cependant sans incidence sur le cours épidémiologique.

L'extension épidémique de la maladie est due aux urédospores qui sont formées par voie asexuée et qui sont propagées par le vent. L'agent pathogène est assez tolérant envers les températures. Il peut croître dans une plante même à 5° C et causer des infections en plein hiver, pour peu que celui-ci soit doux. Les températures optimales pour la production de spores et leur germination se situent entre 15° et 20° C, avec une hygrométrie de l'air de 100 %. Une infection efficace (formation du tube germinatif de la spore) dépend de l'humidité sur les feuilles (la rosée nocturne suffit). Souvent une atteinte plus conséquente est notée fin juin. Dans ce cas, le risque d'une extension épidémique est important. Dès que les températures dépassent 30° C, l'épidémie régresse. Dans les conditions optimales, le temps de latence est de 6 à 8 jours. L'abondance de spores produites et un temps de latence relativement court expliquent la propagation rapide dès que les températures extérieures sont quelque peu élevées. La plupart des variétés d'orge sont moyennement à très sensibles.

Diagnostic

Les urédosores, visibles à l'examen macroscopique, permettent en général un diagnostic sûr. Des pustules brun clair, d'une dimension maximale de 0,5 mm, percent l'épiderme de la face supérieure des feuilles et des gaines foliaires (parfois aussi de la face inférieure). Il y a cependant le risque de ne pas apercevoir ces minuscules urédosores (rouille naine!). On examinera donc spécialement les feuilles inférieures déjà jaunies pour détecter la présence éventuelle des pustules de la rouille naine. Les "îlots verts" (zones vertes autour des pustules) doivent attirer l'attention. En tant que parasite obligatoire, le champignon maintient le plus longtemps possible autour de lui une fraction de feuille verte assimilatrice qui lui assure sa subsistance.

Moyens de lutte

Mesures agricoles préventives :

• Déchaumage répété pour interrompre la chaîne d'infection vers l'orge d'hiver. Ensuite, ne pas semer l'orge d'hiver trop tôt. Eliminer soigneusement les repousses d'orge dans le colza d'hiver.
• Ne pas cultiver l'orge de printemps et l'orge d'hiver en voisinage immédiat.
• Dans les régions à risque, choisir des variétés précoces et à sensibilité réduite.

Mesures de lutte antifongique :

• Des températures moyennes de la journée supérieures à 15° C, sont favorables à une rapide extension de la maladie. Si dans ces conditions, on observe des symptômes sur les feuilles inférieures ou médianes dans un tiers de la culture (rechercher les îlots verts), il faut immédiatement appliquer un fongicide.