Palavas-les-Flots Des hydroéoliennes qui oxygènent l'étang asphyxié
Alors que l'étang de Thau pâtit de la canicule et pleure ses récoltes anéanties de moules et d'huîtres, un étang voisin de Palavas-les-Flots (Hérault), également asphyxié et mal en point, a été équipé d'hydroéoliennes chargées de l'oxygéner.
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Depuis dix jours, la petite pièce d'eau du Prévôt, enclave envasée et nauséabonde au coeur de la station balnéaire du littoral languedocien, voit fonctionner quatre drôles de machines. Posées sur des flotteurs, ces éoliennes aux pales horizontales, qui prennent le vent même à moins d'un km/h, entraînent une turbine et ensuite une hélice d'un mètre de diamètre qui va faire remonter, dans un lent tourbillon, les eaux profondes pour qu'elles s'oxygènent à la surface. Dans le fond s'est accumulée la vase, résidu d'algues pourries responsables des mauvaises odeurs. Les bactéries naturelles n'arrivent plus à la nettoyer, faute de suffisamment d'oxygène, notamment lors des périodes sans vent.
"Ce procédé propre, entièrement mécanique, permet de se rapprocher de ce qu'auraient été les conditions naturelles s'il n'y avait pas eu d'activités humaines qui rejettent de l'azote et des phosphores dont les algues sont friandes", explique Anne Ludinard, présidente de la société Aerolac, concepteur et fabricant des hydroéoliennes. Le système de rotation lente (150 tours par minute) "permet une meilleure absorption de l'oxygène et ne brasse pas les sédiments", assure Mme Ludinard. Si, pour les 300 hectares du Prévôt, l'élimination des odeurs devrait être le premier résultat, le but de l'installation est la préservation de l'écosystème. "L'étang était très poissonneux, Palavas était réputé pour ses anguilles. Et comme il communique avec la mer, les poissons viennent pondre ici. Les hydroéoliennes, ça va les aider", espère Albert Edouard, premier adjoint au maire de Palavas, chargé de l'aménagement. La commune a déboursé un peu plus de 10.000 euros par engin, et attend, après des premiers résultats "encourageants", de faire le bilan à l'issue d'une année d'utilisation pour envisager une éventuelle extension aux autres étangs de la ville "qui ont tous des problèmes", selon M. Edouard.
Sensible à la détresse des conchyliculteurs de Thau, M. Edouard lance l'idée d'une hydroélienne près de chaque parc. "Tout le monde en parle sur Thau et se pose la question d'en installer si ça pouvait empêcher la malaïgue (mauvaises eaux, trop chaudes et peu oxygénées, ndlr) de toucher les parcs", rapporte Francis Martin, responsable du Centre d'aide par le travail (CAT) des compagnons de Maguelone, qui exploite sur l'étang du Prévôt douze parcs à huîtres et à moules. Sa production n'a connu "aucun souci cette année", pas en raison des hydroéoliennes, loin des parcs, mais grâce au canal qui apporte de l'eau de mer et aux turbines sous-marines et électriques qui génèrent un courant au niveau des cultures.
Pour la dirigeante d'Aerolac, c'est une solution globale qu'il faudrait toutefois envisager pour Thau (4.800 ha), en "oxygénant les biotopes d'où partent les malaïgues". "La plupart des gestionnaires de plans d'eau ont souvent pensé que la nature pouvait tout arranger alors qu'en définitive l'eau est l'ultime réceptacle des pollutions", analyse Mme Ludinard. Aux prises avec les considérations environnementales, à l'instar de la mairie de Palavas, d'autres communes pourraient s'intéresser à ce système, qui existait déjà au début du XXe siècle dans les fermes isolées des Etats-Unis, et qui est actuellement très utilisé dans les lacs au Canada.
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