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Pistaches L'Iran tient bien sa place de premier producteur

Presque dix ans après l'imposition de restrictions de l'Union européenne à l'importation de pistaches iraniennes, l'Iran attend une récolte record pour conforter son statut de premier exportateur mondial de ce fruit sec.

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Avec les tapis et le safran, la pistache est un des produits emblématiques du pays, auquel le climat torride en été et très froid en hiver convient parfaitement. Elles a aussi un poids économique significatif, avec la troisième place pour les produits rapportant des devises à l'exportation, soit plus de 450 millions de dollars par an, derrière le pétrole et les métaux. La pistache représente également environ 50% des exportations de produits agricoles iraniennes.

Mais en 1997, l'UE a suspendu les importations de ce fruit sec vert pâle à cause de la présence de taux excessifs d'une toxine qui pourrait être cancérigène, l'aflatoxine. Cette dernière apparaît dans la moisissure se développant quand la pistache est conservée dans un endroit chaud et humide. L'embargo avait été suspendu fin 1997 mais des contrôles sévères ont été instaurés depuis, avec un renvoi au pays d'origine des cargaisons dont le taux d'aflatoxine dépasse les critères de l'UE.

Le responsable de la pistache au ministère de l'Agriculture, Behrouz Qaiby, a expliqué à l'AFP que les producteurs avaient fait de gros efforts pour améliorer la qualité, et que la récolte dépasserait le record de l'an dernier (230.000 tonnes). "Nous attendons une augmentation à 250.000 tonnes pour l'année iranienne (qui s'achève en mars), et sommes déterminés à fournir des fruits correspondant aux critères", a-t-il dit. En 1997, le taux d'aflatoxine des pistaches iraniennes atteignait 100 parties par milliard (ppb), alors que l'UE applique un maximum acceptable de 2 ppb, bien en dessous des taux de 10 à 15 ppb acceptés par d'autres importateurs.

Les pistaches iraniennes destinées à l'exportation passent par un "corridor vert" consistant en une série de contrôles de qualité. "Nous avons aussi institué une autre procédure pour repérer les points critiques depuis les fermes et le transport jusqu'au stockage", a ajouté M. Qaiby. Le gouvernement sanctionne les exportateurs enregistrant un retour de plus de 10% de leurs envois sur trois mois, a-t-il ajouté. "Environ 16% des envois vers l'UE ont été retournés en 2005 alors que seulement 3% l'ont été par les autres importateurs", explique un consultant de la Chambre de commerce iranienne, Assadolah Asgaroladi.

Les spécialistes iraniens y voient là une forme de discrimination, sans s'expliquer pour autant sa motivation. "Les Etats-Unis, qui devancent tout le monde en matière de santé, renvoient les pistaches contaminées à plus de 20 ppb. Nous considérons les critères de l'UE comme inamicaux et politiques", dit M. Asgaroladi, propriétaire d'une grosse société d'exportation de fruits secs. "Le renvoi d'une cargaison de 25 tonnes coûte 10.000 euros à l'exportateur", remarque-t-il.

Résultat, le premier importateur de pistaches iraniennes est d'abord la Chine, avec 40.000 tonnes annuelles, contre 30.000 tonnes pour l'UE, et autant pour les Etats-Unis, eux-mêmes producteurs. La République islamique reste le premier exportateur de pistaches dans le monde, avec le tiers de la production, devant les Etats-Unis, la Turquie et la Syrie. Même les pressions américaines pour empêcher les transactions libellées en dollars avec l'Iran n'ont pas entamé cette position. "Ca a gêné nos transactions, car la plupart des affaires sont réglées en dollars. Mais nous utilisons l'euro ou d'autres systèmes bancaires, particulièrement en Extrême-Orient, pour franchir l'obstacle", explique M. Asgaroladi.

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