Techniques sans labour Jérôme Labreuche, Arvalis : « Un vrai potentiel d’économie de charges de mécanisation et de main d’œuvre »
Les techniques sans labour représentent une véritable opportunité de libérer de la main d’œuvre et de diminuer les charges de mécanisation. Malgré tout, il est nécessaire d’engager une réflexion globale sur le système de culture pour faire face aux freins techniques qui existent encore autour de ces techniques. Les explications de Jérôme Labreuche, spécialiste machinisme et travail du sol chez Arvalis.
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Jérôme Labreuche : " Les techniques sans labour facilitent toujours l'organisation du travail (© B.N., Terre-net) |
L’impact des techniques simplifiées par rapport au système labour sur les charges de mécanisation est très variable suivant les régions. Jérôme Labreuche, spécialiste machinisme et travail du sol chez Arvalis souligne « des écarts assez variables qui s’expliquent par l’optimisation du système avec labour, avec des implantations sur labour très économiques ». Il cite a contrario l’exemple de la Picardie : « Les charges de mécanisation très élevées s’y expliquent par des systèmes de culture betteraves/pommes de terre. Les marges de manœuvre y sont limitées et donc les économies possibles limitées. » Suivant le matériel utilisé dans le cadre des Tsl – à savoir : classique, spécial ou semoir sur déchaumeur – les baisses de charges de mécanisation suivant les régions s’échelonnent d’un quinzaine d’euros à plus de 80€. Les plus grosses économies sont réalisées avec le semoir sur déchaumeur.
A court terme, les Tsl (techniques sans labour) ont un effet positif sur l’organisation du travail. « Les Tsl facilitent toujours l’organisation du travail, notamment quand on travaille seul » explique Jérôme Labreuche. L’impact à court terme sur les charges de mécanisation comme le fuel, le lubrifiant ou les pièces d’usure est plus limité. Il est aussi nécessaire de surveiller l’évolution de certaines charges opérationnelles : « Les techniques sans labour peuvent engendrer des situations de désherbage plus dures à gérer » précise le spécialiste.
Un désherbage plus dur à gérer
A moyen terme, les Tsl mènent à une forte réduction potentielle des charges de mécanisation. Elles permettent de ralentir la vitesse de renouvellement des tracteurs et de tourner avec un tracteur de moins. Les trains d’outils de travail du sol et de semis coûtent moins chers. « Dans certains cas, les techniques sans labour peuvent apporter de grosses économies avec un parc simplifié et des itinéraires simplifiés ». Dans certaines situations, le gain de temps peut être valorisé. Dans d’autres, il ne dégage pas de revenus supplémentaires. Jérôme Labreuche évoque une valorisation approximative de la main d’œuvre libérée à 14 €/ha.
Selon l’ingénieur d’Arvalis, c’est avant tout un raisonnement global qu’il faut viser : « Il faut se poser des questions en terme de système de culture, de rotation. Les coûts de désherbage peuvent augmenter mais il est possible d’avoir une meilleure maîtrise des adventices avec l’introduction de cultures de printemps. Selon les espèces ou les cultures, il n’est pas possible de simplifier de la même manière. Par exemple, on peut avoir des problèmes d’implantation au semis à la volée avec les cultures de printemps. Il faut bien intégrer la gestion des résidus de maïs en techniques sans labour pour préserver la qualité sanitaire. » Jérôme Labreuche s’exprime à propos des interrogations que pose le poste glyphosate avant implantation : « Il y a des résistances dans le monde mais pour l’instant pas en France. Cependant, il y a un problème environnemental : c’est une molécule qu’on retrouve beaucoup dans l’eau : cela pose des questions. »
Un tiers des surfaces
Jérôme Labreuche résume la situation : « Les Tsl offrent vraiment un potentiel d’économie de charges de mécanisation et de main d’œuvre. Malgré tout, il y a des freins techniques et tous les systèmes de cultures ne sont pas adaptés de la même manière aux Tsl. Il faut essayer d’adapter systèmes de culture et travail du sol ». Il conclut par quelques chiffres : « Actuellement, nous estimons à 1/3 les surfaces en Tsl mais sur les cultures de printemps, nous sommes seulement entre 10 et 20%. Aujourd’hui, la référence dans la plaine, ce n’est pas le labour ou les Tsl mais l’alternance entre les deux. »
Labour
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Travail superficiel
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Semis direct
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||||||
Produits
|
Charges
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Produits
|
Charges
|
Produits
|
Charges
|
|||
1185
|
Désherbage
|
56
|
1161
|
Désherbage
|
73
|
1176
|
Désherbage
|
78
|
Autres intrants
|
353
|
Autres intrants
|
353
|
Autres intrants
|
358
|
|||
Mécanisation
|
327
|
Mécanisation
|
284
|
Mécanisation
|
271
|
|||
Main d'oeuvre
|
144
|
Main d'oeuvre
|
132
|
Main d'oeuvre
|
126
|
|||
Autres charges
|
272
|
Autres charges
|
272
|
Autres charges
|
272
|
|||
Marge nette hors Dpu découplés
|
33€/ha
|
Marge nette hors Dpu découplés
|
48€/ha
|
Marge nette hors Dpu découplés
|
72€/ha
|
|||
Temps de travail
|
3h52min
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Temps de travail
|
2h59min
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Temps de travail
|
2h32min
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