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Production d'éthanol Origny, fleuron d'une industrie française de l'éthanol en plein essor

Dans l'une des huit cuves en aluminium, le jus sucré des betteraves fermente, avant le passage dans les deux colonnes de distillation: avec une production de 950 m3 par jour, l'usine d'Origny Sainte-Benoîte (Aisne) est le plus important site de production d'éthanol en France.

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Entrée en production en octobre dernier, grâce à un investissement de 200 millions d'euros effectué par le groupe coopératif Tereos, numéro trois mondial du sucre, elle illustre la montée en puissance des biocarburants qui devraient représenter 10% de la consommation totale des carburants en 2015, contre seulement 1,75% en 2006 et 3,5% en 2007. "Nous avons en France les capacités pour répondre à la demande de biocarburants", affirme Alain Jeanroy, porte-parole de la filière bioéthanol.

Confronté à la réforme imposée par Bruxelles à la filière sucrière européenne, Tereos, connu grâce à sa marque commerciale Béghin-Say, a décidé de se diversifier dans la production de bioéthanol issu de la fermentation de betterave à sucre, de blé, de maïs ou de canne à sucre. La production d'éthanol explose en France. Après avoir doublé entre 2006 et 2007 (de 0,3 à 0,56 million de tonnes), elle doit encore se multiplier par deux d'ici à 2010 (1,1 million) avant d'atteindre 1,3 million de tonnes en 2015, selon Afsanech Lellahi, responsable des valorisations non alimentaires d'Arvalis, l'institut des productions végétales.

"L'usine d'Origny, près de Saint-Quentin, permet de coupler la production de sucre et d'alcool sur un même site industriel", souligne Pierre Chenet, directeur des projets industriels de Tereos qui, avec 1 million de m3 d'alcool et d'éthanol, occupe le cinquième rang mondial dans ce secteur. Cette unité ultra-moderne, classée "Seveso 2" en raison du risque industriel, emploie seulement 30 salariés permanents pour produire 300.000 m3 d'alcool de betterave. A l'extérieur, dans d'immenses cuves blanches, 44.000 m3 d'alcool et d'éthanol attendent d'être chargés dans des camions ou des wagons.

L'usine génère 2.000 emplois indirects, selon Tereos. Plus de la moitié de la production, issue de trois millions de tonnes de betteraves, est destinée à la carburation des véhicules. Après Origny, Tereos va mettre en service en mai une usine à Lillebonne (Seine-Maritime) d'une capacité de 240.000 tonnes à partir de blé.

Quatre autres sont actuellement en construction en France et entreront en service dans les prochains mois: Cristal-Union (betteraves et blé) à Bazancourt (Marne) en octobre, Roquette (blé) à Beinheim (Haut-Rhin), Soufflet (blé) à Pont-Sur-Seine (Aube) et AB Bioenergy (maïs) à Lacq (Pyrénées-Atlantiques) en 2008. Ces six nouvelles usines, qui s'ajoutent à la dizaine de petites distilleries-sucreries qui produisaient déjà de l'éthanol, réprésentent un investissement total d'un peu plus d'un milliard d'euros.

Face aux critiques des partisans de l'utilisation alimentaire des céréales, les responsables de la filière soulignent qu'en 2015, 450.000 hectares de blé, soit 10% de la surface française totale, et 80.000 ha de betteraves à sucre, soit 20% du total, devraient être consacrées à la fabrication d'éthanol.

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