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Viande polonaise Discussions Union Européenne-Russie tendues après un nouvel échec

Les dirigeants européens pourraient avoir des discussions difficiles lundi avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, sur fond de tensions croissantes avec Moscou illustrées par le problème persistant de l'embargo russe sur la viande polonaise.

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Le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier, dont le pays préside l'UE jusqu'en juin, le Haut représentant de l'UE pour les Affaires extérieures Javier Solana et la commissaire européenne aux Affaires extérieures Benita Ferrero-Waldner accueilleront M. Lavrov lundi soir à Luxembourg, après une réunion des ministres européens des Affaires étrangères. Ils ont tous trois déploré que les négociations ce week-end à Chypre entre le commissaire européen à la Santé Markos Kyprianou et le ministre russe de l'Agriculture Alexeï Gordeev n'aient pas permis d'accord permettant de lever l'embargo russe sur la viande polonaise, qui empoisonne les relations entre les 27 et la Russie depuis novembre.

Le Premier ministre polonais Jaroslaw Kaczynski a confirmé dimanche que dans ces conditions, la Pologne maintenait son veto au lancement des négociations sur un nouvel accord de partenariat UE-Russie - qui doit contenir un volet énergétique crucial pour les Européens. "Nous ne sommes pas encore tout à fait prêts à démarrer ces négociations", a indiqué lundi M. Steinmeier, confirmant l'absence de progrès du week-end. Mais "nous espérons l'être lors de la prochaine réunion" des chefs de la diplomatie des 27, prévue le 14 mai à Bruxelles, juste avant le sommet UE-Russie du 18 mai à Samara, sur les bords de la Volga.

Un diplomate européen a souligné que M. Steinmeier, qui comptait sur un déblocage de la situation ce week-end, était "très énervé" par ce nouvel échec. Depuis le début de la présidence allemande de l'UE en janvier, M. Steinmeier se dit confiant de pouvoir trouver une solution bien à temps avant le sommet de Samara. Mme Ferrero-Waldner a estimé que la Commission avait fait beaucoup d'efforts pour convaincre la Russie que ses doutes sur la qualité des contrôles sanitaires polonais n'étaient pas justifiés. "C'est maintenant vraiment à la partie russe de donner un signal clair", a-t-elle estimé. Ce problème n'est pas le seul dossier conflictuel entre l'UE et les 27.

Comme l'ont souligné Mme Ferrero-Waldner et le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt, les dirigeants européens veulent aussi dire à M. Lavrov leur "inquiétude" après la répression des manifestations pacifiques d'opposants des 14 et 15 avril à Moscou et Saint Petersbourg, lors desquelles des centaines de personnes ont été interpellées. "La brutalité exercée contre les manifestants n'était pas exactement aux normes européennes", a dit M. Bildt. "Elle démontre beaucoup de nervosité de la part des autorités russes". En attendant une réunion mercredi du Groupe de contact sur le Kosovo (France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Etats-Unis, Russie), les dirigeants européens pourraient aussi parler avec M. Lavrov de leurs différends sur le futur statut de cette province indépendantiste serbe.

Les Européens soutiennent la proposition faite par le médiateur Martti Ahtisaari au Conseil de sécurité de l'ONU pour une indépendance surveillée de ce territoire peuplé à 90% d'Albanais. Mais les Russes, traditionnels alliés de Belgrade qui refuse la scission du Kosovo, y sont opposés. Jeudi à Belgrade, M. Lavrov a estimé que le plan de M. Ahtisaari avait "pratiquement échoué" parce que les intérêts de Belgrade "n'ont pas été pris en compte".

Mais les diplomates européens reconnaissent être en difficulté face à cette opposition russe, d'autant qu'ils ignorent si Moscou entend aller jusqu'au bout de sa logique en mettant son veto à une résolution du Conseil de sécurité qui confirmerait cette indépendance surveillée.

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