Colza Des parcelles hétérogènes suivant la pluviométrie

Depuis les semis de colza, les températures sont inférieures aux normales de saison sur une grande partie nord du territoire. Sur le poste de Digny, nous avons accumulé un déficit de cumul de températures entre le 25 août et le 1er novembre de près de 100°C par rapport à mes moyennes historiques. (cf. graphique ci-dessous)

Le problème risque d’être un peu plus important pour les colzas qui ont levé tardivement car ils risquent de ne pas atteindre le stade optimal de 8 feuilles pour passer l’hiver avec sécurité, surtout avec la forte baisse de température qui est prévue pour la semaine prochaine.

J’ai réalisé avec mon modèle de prévision de stades une simulation pour l’ensemble de la France. Il s’agit d’une prévision des dates des différents stades jusqu'au stade 8 feuilles. Ma simulation pour les cartes qui suivent prend en compte les températures réelles jusqu’au 30 octobre et ensuite les températures normales pour déterminer les dates en prévisionnel. J’ai réalisé uniquement une simulation pour les grandes régions productrices. Mon modèle commence ses calculs à partir de la date de levée, j’ai donc pris des dates de levée optimale par ville matérialisée par un triangle rouge. 

Les stades sont très hétérogènes d’une région à l’autre, voire même au sein d’une même parcelle. Seules les régions où les colzas ont été semés avant le 25 août se retrouvent avec des stades de plus de 8 feuilles aujourd’hui (Toulouse, Caen, région parisienne et Lyon). Pour les autres régions, l’accumulation de déficit de température a fait prendre du retard aux cultures.

Il n’est pas urgent de prendre la décision de l’utilité d’un retournement d’une parcelle de colza. Les densités faibles inférieures à 15 pieds/m² ont un pouvoir de ramification suffisant pour permettre un rendement moyen. Le plus important dans une parcelle de ce type étant la régularité de la sous-densité.

Des absorptions d’azote plus faible que l’année dernière

Mon modèle permet de simuler la production de matière verte (en gramme/m²) ainsi que l’absorption d’azote (en unité par ha) sur l’ensemble du territoire. Sur mon exploitation, j’ai observé des pesées inférieures cette année par rapport à l’an dernier de plus de 500 à 700 grammes par m² soit 35 unités d’azote.

Sur les cartes ci-dessus, on peut voir que les régions qui se retrouvent avec les niveaux de matière verte les plus important sont celles qui ont les dates de semis les plus précoces, bénéficiant ainsi d’un cumul de température plus important que les autres. Dans un grand nombre de régions, on remarque assez facilement les parcelles semées avant le 25 août et celles semées après par la différence de production de masse verte.

Le risque phoma est très faible

J’ai établi une carte de risque de jours sporulants pour l’ensemble de la France. Mon modèle prend en compte deux variables : le stade et la pluviométrie. Cette carte ne prend pas en compte les parcelles ayant eu un retard de levée.

Apparemment, deux régions (Nancy et Auxerre) cumulent les deux facteurs qui sont le retard du stade lié aux faible températures et les 7 à 10 jours de pluie qu’on a eu entre le 20 septembre et le 15 octobre. Les autres régions ne se retrouvent pas avec un risque très élevé pour les parcelles dont les levées se sont bien déroulées. Attention cependant aux parcelles ayant un stade inférieur à 4-6 feuilles.

Le risque d’élongation pratiquement nul

Sur la carte ci-dessus nous voyons que le risque d’élongation est faible sur l’ensemble de la France pour des dates de semis restant dans une fourchette optimale pour chacune des régions.

Le tableau ci-dessous donne des dates approximatives en vert à partir desquelles il y a un risque d’élongation selon la date de levée en bleu. Seules les parcelles ayant un reliquat azoté élevé et implantées avec une variété sensible à l’élongation semblent être concernées.