Marchés Le prix du "basmati" a doublé sur un marché du riz gagné par la spéculation
Consommation en hausse dans le monde, rétention des exportations de pays producteurs, inondations au Vietnam: ces facteurs, auxquels s'ajoute un brin de spéculation, alimentent la flambée des cours du riz, celui du "basmati" ayant plus que doublé en moins d'un an.
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"L'été dernier, le marché du basmati s'est emballé. Le prix +cargo+ de cette variété de riz parfumé, négocié au port de Rotterdam, est passé de 600 dollars la tonne à 1.300 aujourd'hui", explique Jean-Pierre Brun, un des principaux courtiers français spécialisés dans cette céréale. Née il y a une vingtaine d'années en Occident, la vogue du "basmati" pousse régulièrement le prix de ce riz cultivé quasi exclusivement au Pendjab (partagé entre l'Inde et le Pakistan), avec une production légèrement inférieure à un million de tonnes. "L'Europe a importé l'an dernier 350.000 tonnes de basmati, une variété appréciée également par les pays du Moyen-Orient. Cette demande explique la tension persistante des prix sur ce marché", poursuit le courtier.
Le basmati n'est pas la seule variété à enregistrer des hausses significatives, malgré une augmentation constante de la récolte mondiale depuis cinq ans. "L'an dernier, la récolte mondiale s'est élevée à 680 millions de tonnes contre 634 millions en 2006 (+7,4%)", précise M. Brun. Mais cela ne parvient pas à assouvir l'appétit des consommateurs, le riz étant l'aliment de base de 50% de la population mondiale, essentiellement en Asie. Selon les projections de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA-FAO), la consommation mondiale de riz, en hausse de 40% au cours des 40 dernières années, devrait encore augmenter d'ici à 2030 de 38% par rapport à la fin des années 1990.
Pour nourrir sa population, le Vietnam --deuxième exportateur mondial derrière la Thaïlande-- a récemment réduit de manière spectaculaire ses exportations, les récoltes ayant été compromises par des inondations et des attaques de vermine. Les prix de ses riz ont augmenté de 15% en 2007. Cherchant à reconstituer ses stocks et soucieuse d'assurer l'approvisionnement de sa population, l'Inde a freiné ses exportations. Au Pakistan, la situation politique a désorganisé le marché. Le 28 décembre, la tonne de riz paddy (riz brut) indien atteignait 500 dollars, contre 425 dollars quelques semaines auparavant. Au Pakistan, la tonne de riz a augmenté de 30% en 2007.
La rétention des ventes en Asie n'a fait qu'aviver la spéculation qui frappe toutes les céréales aux Etats-Unis. En 2007, le prix du riz américain avait progressé de 11% et, à la mi-janvier, le quintal de riz pour livraison en mars atteignait le prix record de 14,69 dollars sur le marché à terme de Chicago.
La Chine, premier producteur de riz avec plus de 30% de la production mondiale, n'est pas un acteur significatif sur le marché international, la totalité des récoltes étant consommée sur place. Selon les chiffres de l'OAA-FAO, le commerce mondial du riz a porté l'an dernier sur 30,1 millions de tonnes (+3%). Il devrait atteindre 30,6 millions de tonnes en 2008. Mais face à une demande croissante de nombre de pays (africains, sud-américains) et à une diminution spectaculaire des stocks (au plus bas depuis 25 ans), une pénurie de riz n'est pas à exclure dans les 10 à 15 ans. "Surtout si les rendements à l'hectare ne s'améliorent pas", explique M. Brun. "En Egypte les rendements à l'hectare atteignent 8-9 tonnes contre 1,5 tonne dans certains pays asiatiques", ajoute le courtier.
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