Plan climat L'Union Européenne craint la délocalisalisation et l'impact des biocarburants
L'Union européenne, qui se réunit en sommet en fin de semaine, va-t-elle trop loin dans la lutte contre le réchauffement climatique ? Certains pays redoutent des délocalisations ou s'inquiètent de l'impact négatif du développement des biocarburants.
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Il faut se mettre d'accord "avant la fin 2008" sur notre plan d'attaque contre les gaz à effet de serre, déclareront vendredi les dirigeants européens, selon le projet de texte qui sera soumis à leur approbation. Le temps presse car l'UE veut servir d'exemple lors des négociations internationales reprenant fin 2009 à Copenhague, où les Européens espèrent rallier les grands pollueurs de la planète.
Si les 27 pays de l'UE veulent tous tenir ces échéances, l'unanimité se fissure dès lors qu'ils s'attèlent aux détails complexes du plan. Ainsi, les ministres des Affaires étrangères réunis lundi à Bruxelles ont laissé poindre leurs divergences sur les risques de délocalisations, si leur industrie devait investir seule dans un avenir plus vert. En l'absence d'un accord international, l'UE n'exclut pas de taxer les importations de pays qui n'auraient pas de plan de réduction de CO2 : une menace susceptible d'entraîner une guerre commerciale avec les Etats-Unis et qui exaspère déjà les pays européens adeptes du libre-échange.
Les dirigeants européens devraient reconnaître dans leurs conclusions du sommet que le risque de délocalisation inquiète certains secteurs industriels particulièrement exposés à la concurrence internationale. Lundi, les Allemands ont réclamé une formulation plus précise, notamment soutenus par la France et l'Espagne, selon un diplomate européen. En revanche, des pays comme les Pays-Bas ou la Suède, tenants d'un marché européen très ouvert, veulent que le texte reste vague.
Il y a un an, les dirigeants européens s'étaient mis d'accord sans sourciller sur des objectifs obligatoires à atteindre d'ici 2020 : 20% de réduction des gaz à effet de serre, 20% de consommation d'énergies renouvelables, avec des biocarburants composant 10% du cocktail englouti par les véhicules des Européens. En janvier, la Commission européenne détaillait les moyens concrets pour y parvenir. Mais les études scientifiques se sont succédé ces derniers mois pour dénoncer les effets pervers des carburants extraits des cultures agricoles, accusés de trop polluer la planète et de faire flamber les prix alimentaires.
Au point de semer le doute dans nombre de capitales. Une récente étude américaine souligne que détruire des écosystèmes naturels --des éponges naturelles absorbant le CO2-- pour favoriser le développement des biocarburants pourrait générer indirectement plusieurs décennies de pollution. Un groupe de travail européen planche sur "les critères durables" devant encadrer les biocarburants sur le marché (biodiesel, éthanol) et doit remettre sa copie début avril. S'ils sont trop stricts, ces critères pourraient exclure une partie des oléagineux européens, suscitant l'opposition probable de grands pays agricoles comme la France et la Pologne.
"Commission européenne et Etats membres subissent une pression commerciale de la part de l'industrie des biocarburants de première génération. Ils ont ignoré un certain nombre d'études scientifiques", affirme l'eurodéputé vert Claude Turmes, nommé rapporteur parlementaire du dossier. M. Turmes est partisan de retirer l'objectif obligatoire de 10%, jugé discutable avant l'émergence de biocarburants plus performants. Il assure avoir le soutien de la Grande-Bretagne, de l'Italie ou du Portugal. L'Allemagne a aussi annoncé qu'elle allait modérer ses ardeurs en matière de biocarburants, le temps de vérifier leurs vertus écologiques.
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