Biocarburants et subventions Le sommet de la FAO vers un accord a minima
Les 193 pays participant au sommet de la FAO à Rome bouclaient leurs travaux jeudi avec une déclaration finale qui devrait les engager à lutter "par tous les moyens" contre la crise alimentaire, mais sans trancher les épineuses questions des subventions et des biocarburants.
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Ce document faisait encore l'objet de négociations "laborieuses" à la mi-journée, selon des responsables de la FAO. Il doit être adopté dans l'après-midi, avant une conférence de presse prévue vers 17H00 (15H00 GMT). "Nous sommes optimistes, les derniers développements montrent qu'un consensus se dégage, en particulier sur les biocarburants", a cependant affirmé une source proche de l'organisation de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Ce consensus se limiterait en fait à la mise en place d'un "système d'évaluation" des biocarburants "afin de mieux connaître l'impact des bioénergies sur la sécurité alimentaire", a indiqué Kieth Wiebe, chargé du développement agricole à la FAO. Les bioénergies, accusées d'avoir contribué à faire grimper les prix des denrées, ont dominé les trois jours de débats, les Etats-Unis et le Brésil, principaux producteurs mondiaux, les défendant avec acharnement.
Autre grand sujet de controverse, les politiques commerciales (subventions, restrictions à l'exportation), accusées de défavoriser les pays pauvres en créant des distorsions de marché. D'après des sources proches des négociations, les pays se sont mis d'accord sur une formule a minima en faveur d'un commerce agricole "plus équitable". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, qui a lancé mardi les travaux du sommet, a dénoncé les "politiques alimentaires qui appauvrissent les voisins" et appelé les pays membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) à trouver rapidement un accord de libéralisation du commerce agricole. Plusieurs pays d'Afrique, des ONG, et les chefs de l'OMC et de la Banque mondiale ont également appelé à l'abandon de ces politiques, tandis que l'Union européenne a défendu bec et ongles la Politique agricole commune (PAC).
Un effort financier de 15 à 20 milliards de dollars par an
Selon un projet de déclaration obtenu par l'AFP, les pays devraient s'engager à lutter "par tous les moyens" contre la crise alimentaire, qui touche de plein fouet les pays les plus pauvres et a provoqué des émeutes en Afrique, dans les Caraïbes et en Asie. "Ils devraient aussi promettre plus d'investissements dans le secteur agricole afin d'augmenter la production et la productivité", selon un responsable de la FAO, sous couvert de l'anonymat.
Selon l'ONU, la production doit augmenter de 50% d'ici 2030 pour faire face à la demande, ce qui exigera un effort financier de 15 à 20 milliards de dollars par an. 850 millions de personnes souffrent de malnutrition dans le monde et la crise actuelle met en danger 100 millions supplémentaires. "Cela marquerait un pas important, signifiant que l'agriculture ne sera plus négligée et redeviendra une priorité", souligne la même source.
Alors que de nombreux représentants de la communauté internationale ont souligné la nécessité d'aider les petits agriculteurs, ces derniers ont été très critiques à l'égard du sommet. "Nous avons été exclus de la conférence alors que nous faisons partie de la solution", a condamné Flavio Valente, membre d'une association qui a participé à une sommet parallèle d'ONG et de petits exploitants. Le président du Fonds pour l'Agriculture et le développement (Fida) Lennart Bage a estimé de son côté que "sans des investissements à long terme", la lutte contre la crise alimentaire serait "vouée à un échec".
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