Protection intégrée Des opportunités de développement ?
Les chambres d’agriculture de Picardie ont organisé hier un colloque sur la protection intégrée. L’accent a été mis sur les opportunités de développement de la démarche, liées en particulier à l’évolution du contexte réglementaire et aux recherches scientifiques. Différents membres du réseau expérimental "Protection intégrée en Picardie" ont partagé leur expérience avec les participants.
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Jean-Pierre Poletz, agriculteur en protection intégrée dans l'Aisne et membre du réseau Protection intégrée en Picardie (© Terre-net) |
« Nous sommes convaincus que dans les années à venir nous devrons produire plus, produire mieux » annonce Hubert Duez, président de la chambre d’agriculture de Picardie. « Même s’il y a encore des efforts de recherche à faire, notamment en génétique et sur les techniques culturales, nous avons déjà de bons acquis » ajoute-t-il en se référant au réseau "Protection intégrée en Picardie". 8 fermes picardes se sont converties à la protection intégrée en collaboration avec Agro-transfert, dans le but de tester les objectifs de réduction de 50 % de l'utilisation de pesticides. Ensemble, ils ont travaillé à la fois sur les systèmes de culture et plus particulièrement sur l’itinéraire technique du blé, en modifiant certains postes : une densité de semis plus faible, le choix de variétés résistantes, des apports azotés optimisés, la réduction de l’utilisation des fongicides, insecticides et régulateurs…
Jean-Pierre Poletz, agriculteur dans l’Aisne faisant partie du réseau, estime que ses résultats économiques sont globalement stables : « même si nous avons un peu moins de rendement, l’économie se fait sur les charges, et on a une plus grande tranquillité dans le travail. » Ce que confirment Pierre Mischler et Sylvain Lheureux d’Agrotransfert en présentant les résultats économiques des fermes. En termes d'impacts environnementaux, la méthode mise en œuvre permet de réduire substantiellement les pesticides, sous certaines conditions, comme le retour à des pratiques agronomiques préventives. Ils conseillent de repenser les systèmes de culture, tout en insistant sur la formation des prescripteurs et des agriculteurs.
Mieux vaut prévenir que guérir
La protection intégrée est aussi une démarche qui permet de répondre aux attentes sociales actuelles en terme de respect de l’environnement, comme l’explique Muriel Leuba du service régional de la protection des végétaux de la Draf de Picardie : « La nouvelle réglementation pourra inciter les agriculteurs à se tourner vers la protection intégrée. » Après le Grenelle de l’environnement, le rapport du « groupe Paillotin » sur l’objectif de réduction de l’usage des pesticides, qui va servir de base de travail pour la rédaction finale du plan écophyto 2018 a été présenté fin mai au ministre de l’agriculture. Ce rapport préconise de généraliser les systèmes économes en pesticides et de rechercher des innovations en matière d’itinéraires techniques et de systèmes de cultures.D’autres cultures à tester
Même si le blé reste la culture sur laquelle il y a le plus de connaissances en matière de conduite de culture intégrée, il peut être intéressant de prolonger la démarche sur d’autres cultures comme le colza. Muriel Morisson, chargée de recherche à l’Inra, présente différents essais montrant qu’en jouant sur la date et la densité de semis, il est possible de se passer de désherbant chimique.
Des recherches sont en cours, notamment pour diversifier les sources de résistance génétique des cultures aux maladies ou pour exploiter la compétitivité de certains génotypes vis-à-vis des adventices, comme l’explique Jean-Marc Meynard, directeur de département à l’Inra Grignon. Le système de culture est davantage étudié, en particulier l’intérêt des associations céréales-légumineuses pour réduire la pression des mauvaises herbes, mais aussi leur rôle bénéfique dans la fixation d’azote atmosphérique et la réduction des gaz à effet de serre.
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