Aide alimentaire Bruxelles veut aider les pauvres d'Europe à affronter la crise alimentaire
Après avoir proposé un milliard d'euros de ses fonds agricoles pour aider les pays pauvres frappés par la crise alimentaire, la Commission européenne a promis mercredi d'augmenter son aide aux démunis en Europe, eux aussi victimes de l'augmentation des prix.
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«En juillet, nous avons proposé un fonds spécial d'un milliard d'euros pour aider à accroître la production agricole des pays en développement. Aujourd'hui, nous prenons une mesure majeure pour aider les plus démunis à l'intérieur de l'UE », a commenté la commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel lors d'une conférence de presse.
Bruxelles propose ainsi d'augmenter, à partir de 2009, de 300 à 500 millions d'euros, le budget annuel du programme d'aide alimentaire européen, qui a bénéficié à 13 millions de personnes en 2006. « Avec l'augmentation des prix, on a besoin de plus d'argent », a noté la commissaire.
Au delà de cette nouvelle enveloppe budgétaire, la Commission veut réformer totalement les modalités du programme d'aide alimentaire. Depuis 1987, les Etats membres peuvent utiliser les stocks agricoles - constitués dans le cadre de la Politique agricole commune (Pac) pour contrôler les prix du marché - pour les redistribuer aux banques alimentaires et autres organismes d'aide aux plus démunis. Ils ne sont en revanche autorisés à acheter de la nourriture sur le marché que dans des circonstances exceptionnelles.
Mais aujourd'hui, en raison notamment de la réforme de la Pac, « les stocks sont à leur plus bas historique », a noté la Commission. C'est pourquoi « il est vital d'augmenter le budget de ce programme et d'autoriser les achats de nourriture sur le marché de manière permanente », a-t-elle ajouté.
« L'UE peut apporter une aide tangible à la population la moins chanceuse de notre société »
Bruxelles veut également laisser aux Etats membres le soin de décider la liste des produits concernés, selon des critères nutritionnels. Ce qui permettrait ainsi d'inclure tous les fruits et les légumes dans cette aide alimentaire, limitée jusqu'à présent à certains produits de base comme le lait, le riz et certaines céréales.
Comme aujourd'hui, les Etats auront le choix de participer ou non au programme européen - seuls 19 y prennent part pour l'instant. A partir de 2010, ceux qui feront ce choix présenteront à la Commission un plan sur trois ans, et le co-financeront à hauteur de 25% pour la période 2010-2012 et de 50% pour 2013-2015. Un co-financement qui s'ajoutera aux 500 millions annuels du budget européen.
La nourriture sera achetée via appels d'offre, distribuée, comme c'est déjà la cas aujourd'hui, par l'intermédiaire d'associations ou de services sociaux, et devra être gratuite. Ou à un prix ne dépassant les coûts de la distribution.
Alors que l'idée du milliard d'euros proposés pour les pays pauvres a été reçue avec beaucoup de réticence par des Etats de l'UE, qui n'ont d'ailleurs pas encore donné leur feu vert, Mme Fischer Boel a espéré que cette nouvelle proposition recevrait la "bénédiction" d'une Union européenne régulièrement accusée de ne pas en faire assez en matière sociale.
« C'est un exemple concret de la façon dont l'UE peut apporter une aide tangible à la population la moins chanceuse de notre société », a-t-elle justifié, soulignant que la Commission ne s'occupait « pas seulement des marchés, mais aussi des gens ». Environ 43 millions de personnes dans l'UE n'ont pas les moyens de se payer un repas avec de la viande ou du poisson chaque jour, selon la Commission. Sur les trois dernières années, c'est l'Italie qui a bénéficié le plus du programme alimentaire européen avec environ 70 millions d'euros par an.
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