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Blé dur De l’art délicat de la prévision

En un an, le marché mondial du blé dur a été divisé par trois. Quid de 2009/2010 ? Eléments de réponse.

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En moins de douze mois, le prix du blé a été divisé par trois. En cause, l’accumulation de quatre phénomènes détaillés par Xavier Rousselin (Onigc) le 20 janvier dernier, lors de la 11e journée nationale filière blé dur à Aix-en-Provence : d’une part, l’augmentation de la production est supérieure à l’augmentation de la consommation, ce qui a généré des stocks. D’autre part, le blé dur est un marché qui bénéficie d’une faible élasticité au prix de la consommation, et donc du commerce.

Très forte volatilité des prix

En 2007/08, les pays importateurs ont réduit leurs stocks, expliquant en partie la légère augmentation des échanges, passés de 6,8 millions de tonnes à 7,1 Mt en 2008/09. Ces échanges représentent quelque 20% de la production mondiale de blé dur, « ce qui explique la très forte volatilité des prix du blé dur, compte tenu de l’importance relative du commerce par rapport à la production mondiale » poursuivait le spécialiste.


Xavier Rousselin (Onigc), le 20 janvier
dernier à Aix-en-Provence. (© CZ)

Troisième raison de cette baisse des prix mondiaux : la baisse importante des surfaces dans l’Union européenne en 2007/08, même si depuis, les surfaces sont remontées.
Enfin, il faut également intégrer l’augmentation des surfaces, de la production et des stocks en Amérique du Nord. Le Canada produit 5,1 millions de tonnes de blé dur essentiellement pour l’exporter (ndlr : 3,8 Mt). (lire ici)

Prête mais…

L’Europe reste déficitaire en blé dur : elle produit environ 10 Mt, en importe environ 1,5 Mt et en exporte l’équivalent d’un million de tonnes, essentiellement vers des destinations de proximité (Afrique du Nord). Or, le Maghreb est aujourd’hui la première zone mondiale d’importation. En 2009/2010, l’Algérie devrait d’ailleurs augmenter ses importations, « essentiellement en provenance du Canada », de même que la Tunisie. À l’inverse, le Maroc a fait le plein l’an dernier et devrait les réduire.

La France devrait produire environ 2 Mt en 2009. 500 000 tonnes devraient être orientées vers la semoulerie destinée au marché national, 200 000 t vers la semoulerie export et 1,1 Mt devraient être exportées. « Nous devrions nous retrouver avec un stock d’environ 400 à 500 000 t à fin 2009. En d’autre termes, nous pouvons dire que la filière française sera prête pour la campagne mais l’arrêt du mécanisme d’intervention est une nouvelle donne qu’il va falloir financer » résumait Xavier Rousselin.

Quatre millions de tonnes

En 2007/08, la France a exporté 968 739 t, l’Algérie, avec 40%, et l’Italie, avec 28%, étant les deux principaux clients. À fin novembre, la France avait réalisé 482 372 t, dont 51% vers l’Italie, 20% vers l’Allemagne, 8% vers le Benelux… et seulement 5% vers l’Algérie ! Le souci est que l’Algérie a augmenté ses importations en provenance du Canada et a logiquement mis le pied sur l’origine France (90 000 t à fin décembre 2008).

« En résumé, on peut dire que nous sommes plutôt en avance sur nos prévisions exports vers l’Europe, et plus particulièrement vers l’Italie. Mais que nous accusons un gros retard vers l’Algérie. En face, les stocks mondiaux se reconstituent, le facteur de variation étant le Canada. En Europe, nous devrions avoir 1,2 million de tonnes, 1,8 à 2 millions au Canada et moins de 500 000 tonnes aux USA. Le tout porte le stock mondial aux alentours de quatre millions de tonnes… ce qui nous ramène quatre ans en arrière. La question est de savoir ce que va nous réserver la campagne de production 2008/09 ! » Avec rappelons le une crise économique, une chute vertigineuse de la valeur du fret qui ne sera pas sans incidence sur les échanges de céréales et une parité euro/dollar profondément modifiée.

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