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Rappels de bon sens La volatilité des marchés incompatible avec la production agricole

La mini conférence du 25 février sur la volatilité des marchés financiers organisée par France–Agrimer, confirme que la nature même de la production agricole ne permet pas à l'économie agricole de réagir au rythme des marchés financiers et d'adopter des stratèges similaires aux autres secteurs d'activité.

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On peut demander à un groupe automobile de réduire sa production de voitures, pas à des millions d’hectares de céréales de cesser de se développer sous prétexte que les débouchés ne sont pas assurés. Autrement dit, c’est davantage par les volumes que l’industrie manufacturière fait face à une conjoncture déprimée. Et par les prix que les paysans supportent les marchés engorgés de produits agricoles.

La mini conférence du 25 février sur la volatilité des marchés financiers était organisée par France–Agrimer, issue de la fusion des cinq offices agricoles en janvier dernier. Son thème était d’autant plus d’actualité que les céréaliers ont subi, impuissants, des fluctuations considérables des cours ces deux dernières années et qu’ils viennent d’apprendre que leurs aides baisseront en 2010.


Il faut plus de deux ans pour qu’une génisse produise du lait
et près de trois pour qu’une vache allaitante vêle! (© Terre-net Média)

« Il se passe près de deux ans entre la décision prise de réaliser tel ou tel assolement céréalier et la vente d’une récolte», a défendu Rémi Haquin, président du Conseil de direction plénier de l’Onigc. En production porcine, 2% de porcs en moins peut accroître de 30% les cours! En production laitière, il faut plus de deux ans pour qu’une génisse produise du lait et près de trois pour qu’une vache allaitante vêle! 

 Autrement dit la réactivité à court terme d’un exploitant aux évolutions des marchés est quasiment nulle. Il ne peut que la subir. Et dans cette logique, le marché à terme ne peut qu’en atténuer les effets. En revanche il est possible de gagner des millions d'euros sur les marchés financiers en un clic car leur organisation et leurs caractéristiques le permettent!

Les réactions très dures des céréaliers (Orama, Opg) aux décisions gouvernementales sur le rééquilibrage des aides s’inscrivent dans cette logique même si certaines d’entre elles reposent sur une logique revendicative. La baisse décidée des aides à recevoir après 2010 éloigne encore un peu plus la perspective de dégager un revenu régulier. Avant 1992, les filets de sécurité étaient nombreux : prix garantis, préférence communautaire etc. Depuis, leur « détricôtage » n’en finit pas : fin des prix garantis, aides couplées puis découplées assises sur des références historiques devenues en partie obsolètes et non revalorisées depuis plus de 15 ans, manque de vigueur de la préférence communautaire et ouverture des marchés.... La liste est longue. Et pendant ce temps, les filières tardent à s’organiser et la contractualisation, à se généraliser.

Les céréaliers se sentent abandonnés

Dans ces conditions, sans filet de sécurité, les décisions prises pour rééquilibrer les aides entre les filières sont vécues par les céréaliers comme un nouvel abandon et sont source d’inégalités (même abattement quelque soit le niveau des aides qui varient parfois du simple au double entre les zones intermédiaires et celles où sont produites des betteraves). Avec la perspective de prix rémunérateurs qui s’éloigne encore un peu plus. Un sentiment partagé sur ce point, souvent en silence,  depuis des années par les autres filières de production (bovins et ovins viande).

Les aides supplémenaires promises à leur égard le 23 février ne remplaceront jamais la satisfaction de dégager un revenu décent de la vente de ses produits.   

Parier sur le redressement durable des prix des céréales et du fret pour compenser la baisse des aides est un exercice risqué. Aucun expert des marchés céréaliers n’est en mesure de faire des prévisions au-delà que 12 à 15 mois. Rappelons que vivre de cent hectares de céréales à 120€-130€ la tonne ne permet guère de dégager un revenu supérieur au Smic!

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