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Salon international de l'agriculture Le bio promis à une forte croissance en Europe

L’Agence bio a tenu un séminaire jeudi 26 février sur les évolutions des marchés et des stratégies au plan international pour le développement de l’agriculture biologique et des filières.

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Marika Auersalmi de Finfood(Finlande).
(© Terre-net Média)

Le séminaire organisé par l’Agence Bio a été l’occasion de confronter quelques stratégies adoptées par des pays de l’Union européenne pour développer la consommation de produits bio et assurer une offre régulière. Les expériences allemandes et néerlandaises montrent que près de la moitié des produits bio sont vendus dans des supermarchés ou en discount (55% pour l’Allemagne). Aux Pays-Bas, les prix pratiqués doivent être suffisamment bon marché pour ne pas accroître démesurément le budget des foyers consacré à l’alimentation.

Des pratiques culturales sophistiquées

Tous les pays de l’Union se sont fixés des objectifs de développement et une politique d’accompagnement adéquate. Ceux des membres historiques sont ambitieux alors que les modèles et les types de systèmes pour y parvenir ne sont pas encore au point. D’où l’importance de la recherche appliquée. Cependant, l’agriculture bio n’hésite pas à faire appel à des pratiques culturales sophistiquées pour s’adapter aux conditions pédo-climatiques régionales. Ainsi, toutes les tomates bio consommées en Finlande sont produites sous serre dans tout le pays.

Des défis structurels doivent aussi être surmontés. La Finlande motive de nouveaux exploitants en conventionnel à franchir le cap de la conversion. Et les Néerlandais tentent de maintenir un réseau de magasins bio de vente de détail dense pour assurer aux produits des débouchés.

Trois questions à Pascal Gury,
président de l’Agence Bio


Pascal Gury, président de l'Agence Bio
et Elisabeth Mercier, directrice.
(© Terre-net Média)


Les mesures annoncées en faveur de l’agriculture bio vous satisfont-elles ?
Les aides au maintien annoncées par Michel Barnier répondent à une de nos demandes. Ces aides rémunèrent en quelque sorte le service rendu par les agriculteurs à la collectivité pour préserver l’environnement.
Toutefois, le ministre ne nous a pas dit si ces aides peuvent être cumulées avec la déduction d’impôt portée à 4.000€ en novembre dernier.
Ce qui nous paraît aussi important est le fonds de 3,5 millions d’euros destiné à mieux structurer la filière.

Les aides sont-elles essentielles au développement et à la pérennité de l’agriculture biologique?
Elles sont nécessaires pour accompagner la conversion à l’agriculture bio et compenser les pertes de revenus que subissent les exploitants engagés dans cette mutation. Toutefois, l’agriculture bio est devenue une filière et ne doit pas reposer sur des aides. Nous sommes sur un marché et c’est le marché qui doit rémunérer les producteurs. Le prix doit rester le moteur de leur réussite.

Comment le marché peut il répondre aux attentes des producteurs bio ?
La contractualisation est une solution pour les exploitants et les filières de transformation. Elle peut être établie sur plusieurs années. Elle contribue à structurer la production en filières pour satisfaire une demande régulière à un prix rémunérateur.
En production laitière, nous sommes parvenus à ce que le lait produit ne soit pas payé au prix du conventionnel comme ce fut les cas en 2002-2004.
Si l’Allemagne envisage une agriculture biologique couvrant 20% de la Sau en 2010, les Pays-Bas et la France sont plus prudents. Le risque imminent serait de tendre inutilement les marchés. L’Allemagne a du reste connu une pénurie de produits bio en 2006 et 2007.

Adapter les pratiques culturales

Hormis la Hongrie, l’agriculture bio continue à se développer dans les douze nouveaux états membres. La conversion à l’agriculture biologique conduit avant tout à intégrer les exploitations dans des filières de commercialisation et à adapter leurs pratiques culturales et leurs méthodes d’élevage aux critères requis. D’importantes confusions demeurent encore entre les nombreux produits traditionnels - quasiment bio - et les produits certifiés bio. Aux portes de l’Union, en Ukraine, une initiative conduite depuis les années 1970, pendant la période soviétique, montre qu’il est possible de produire sur plusieurs milliers d’hectares des produits bio exportables à destination des marchés occidentaux. Expérience tout à fait concluante et reproductible.

Des statistiques allemandes montrent que les producteurs bio dégagent des revenus supérieurs de plus de 25% à ceux des agriculteurs conventionnels grâce à des prix rémunérateurs et moins sensibles aux aléas conjoncturels. Ce qui n’empêche pas les éleveurs laitiers de se demander actuellement si l’écart entre le prix du lait bio et celui du lait conventionnel ne va pas dans les prochaines semaines pénaliser les éleveurs.

La crise,
une chance pour l’agriculture bio

Tous les pays conduisent des campagnes de communication et de séduction qui louent les vertus des produits bio et le mode de vie associé. La crise est en Finlande une chance pour l’agriculture bio car les clients compensent la baisse de leur budget vacances en consommant plus de produits alimentaires de qualité. Pour les Néerlandais, les campagnes de promotion reposent sur des prix attractifs permanents (les produits bio sont comparés aux produits standards) et sur des bons cadeaux. Par contre, dans les pays de l’Est, ils font timidement leur entrée dans les rayons des supermarchés.

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