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Les recherches de l'Inra Utiliser moins d’engrais en associant les cultures

Les engrais, notamment utilisés en grandes cultures, sont extrêmement impactants sur l’environnement. D’autre part, les légumineuses n’ont pas besoin d’engrais, elles utilisent directement l’azote de l’air. Si l’association céréales-légumineuses était la solution pour polluer moins ?

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Réduire la dépendance pour plus de liberté...
(© LG, Terre-net Média)
Les légumineuses sont capables de fixer directement de l’azote de l’air. Les chercheurs se sont donc intéressés à cette culture qui ne nécessite pas d’apports d’intrants. L’Inra de Versailles a ainsi travaillé sur l’association blé tendre-pois protéagineux (50-50).

Une tonne d'azote équivaut
à dix tonnes de carbone

Les engrais sont à eux seuls la composante la plus coûteuse en énergie sur une exploitation en systèmes grandes cultures (céréales, oléagineux, betteraves). Leur synthèse est en effet responsable d’environ la moitié de la consommation d’énergie fossile totale. Les N2O émis lors de l’utilisation au champ sont également fortement impactants sur l’environnement. Au niveau de l'effet de serre, une tonne d’azote minéral correspond à dix  tonnes de carbone. Même si les quantités émises sont minimum, l'impact est maximum, d'où la nécessité de dimuner la dépendance aux engrais.

Les expériences de cultures associées (blé tendre et pois protéagineux) ont montré une diminution de la quantité d’engrais utilisés, qui se traduit par une diminution de la quantité de gaz à effet de serre émis. L’association réalisée a également permis de diminuer les risques liés aux maladies, surtout fongiques. « Certaines impasses en fongicides ont en effet pu être réalisées » explique Laurence Guichard de l’Umr agronomie Inra-AgroParisTech du centre de Versailles Grignon. Une diminution de la quantité d’adventices a aussi été constatée du fait de la compétitivité du couvert.

Même rendement pour moins d'intrants

Cette technique assure ainsi, selon les résultats une meilleure exploitation des ressources ainsi qu’une diminution de l’utilisation des produits phytosanitaires. « Le tout est réalisé sans affectation de la productivité du couvert avec l’obtention de rendements à l’hectare équivalents voire même supérieur à la culture du blé seul » selon Laurence Guichard.

Privilège des bios ?

En France, ces associations ne représentent que 50.000 ha destinés principalement à l’autoconsommation dans les élevages en agriculture biologique. « Elles pourraient pourtant constituer une application intéressante en agriculture conventionnelle de façon à développer des systèmes à faible niveau d’intrants » regrette Laurence Guichard.

Cependant, l’évaluation directe de la consommation d’énergie fossile et la production de gaz à effet de serre sur ces cultures associées n’a pas encore été réalisée. En revanche, « les résultats obtenus à partir de rotations incluant 20% de légumineuses montrent que l’ont peut réduire 11% de la consommation d’énergie fossile et de 14% les émissions de gaz à effet de serre (programme européen GL-Pro) » précise Laurence Guichard.

La technique demande également encore à être améliorée. Chaque espèce n’est pas encore bien maîtrisée, ce qui se traduit à la récolte par un déséquilibre de la répartition (à l’origine 50-50). « Le choix des variétés associées est encore à préciser, ainsi que la faisabilité du développement d’une telle technique au niveau de la filière » affirme le chercheur.

« Loin d’être immédiatement généralisable, les résultats donnent bon espoir pour l’avenir et laissent penser que la technique pourra être extrapolable. Des expérimentations seront menées sur le réseau expérimental 2008-2010 » conclut Laurence Guichard.

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