Réchauffement climatique La forêt amazonienne pourrait augmenter le phénomène

Le cycle du carbone mondial pourrrait être affecté... Ces paysages seront-ils encore là dans 10 ans? (© Terre-net Média)

Une étude publiée le 6 mars dans la revue Science, fruit de travaux coordonnés par Olivier Philips de l’université de Leeds (UK) et des chercheurs de 14 pays du réseau Rainflor*, a ainsi montré « pour la première fois les preuves que l’accentuation des sécheresses entraîne des baisses massives de la réserve de carbone dans les forêts tropicales » selon l’Inra.

100 sites forestiers sur une zone de plus de 600 millions d’hectares ont ainsi été étudiés. Les données de croissance de plus de 100.000 arbres, enregistrées sur 30 ans, ont été utilisées.

Les résultats obtenus montrent que l’importante sécheresse de 2005, outre le fait d’avoir provoqué de violents ouragans comme Katrina, a été à l’origine d’une inversion brutale des absorptions de carbone réalisées pendant des décennies.

Les arbres se meurent, la forêt stocke moins, la température augmente...

Pourquoi la machine s’inverse Les arbres réalisent pendant la journée la photosynthèse qui permet, en utilisant l’énergie lumineuse, la fixation de carbone et le relargage du dioxygène dans l’atmosphère. En parallèle, mais aussi la nuit, les plantes respirent, c’est-à-dire qu’elles absorbent de l’oxygène et relâchent du dioxyde de carbone. En temps normal, la quantité de CO2 absorbée pendant le jour par la photosynthèse est nettement supérieure à la quantité relarguée sur une journée (jour + nuit) par la respiration végétale. Cependant, les fortes températures favorisent la respiration ce qui déséquilibre le bilan de carbone fixé par les végétaux. Autrement dit, lorsque les températures augmentent, les plantes ont tendance à relarguer plus de carbone dans l’atmosphère qu’auparavant. Ce phénomène couplé à l’augmentation du taux de mortalité des arbres diminue la capacité de stockage de la forêt.

La sécheresse a en effet diminué de 5 milliards de tonnes la séquestration de CO2 par la forêt. « La mort des arbres s’est accélérée là où la sécheresse a le plus frappé » explique l’Inra dans un commniqué. Ce phénomène est équivalent à la quantité annuelle de carbone libérée dans l’atmosphère, résultant de la déforestation, au profit d’activités agricoles. Les chercheurs concluent que si cela se répétait en Amazonie, il en suivrait une accélération du réchauffement climatique.

« Pendant des années, la région amazonienne a aidé à ralentir le réchauffement climatique. Si ce puits de carbone est amoindri, voire fonctionne à l’envers, le niveau de dioxyde de carbone dans l’atmosphère augmentera encore plus » souligne Olivier Philips.

Le gigantisme de la région donne en effet aux moindres effets écologiques un impact d’une telle ampleur, que le cycle mondial du carbone pourrait en être perturbé.