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Association agriculteurs/chercheurs Objectif -50% atteignable ?

Engagées volontairement dans un projet initié par Agro-Transfert, huit exploitations picardes ont diminué de 50% en moyenne leur Ift par rapport à la valeur régionale. Ces résultats sont le fruit d'une évolution des pratiques basées sur l'échange entre chercheurs et agriculteurs et un retour aux techniques agronomiques.

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« Une démarche construite pas à pas,
basée sur un réseau »

selon Pierre Mischler d’Agro-Transfert.
(© LG, Terre-net Média)

Huit exploitations en Picardie, une zone très consommatrice en intrants, ont réussi à diminuer leur Ift de 50% en moyenne en 2008 par rapport à la moyenne régionale de 6,6 doses appliquées par hectare. Ces structures techniquement assez développées étaient déjà 30% en dessous de la moyenne régionale en 2002 avant le début du projet.

Ces huit exploitations participent en effet volontairement, depuis 2003, à un projet sur les systèmes de cultures intégrées réalisé par Agro-Transfert* destiné à améliorer les performances des systèmes agricoles.

« Les objectifs de ce projet sont de donner aux agriculteurs un moyen de s’engager en production intégrée en construisant une démarche de conseil permettant aux agriculteurs de bâtir des systèmes de culture intégrée performant » explique Pierre Mischler d’Agro-Transfert Ressources et Territoires.

Ne pas avoir peur du changement


« Rendre les recherches plus concrètes
en dialoguant avec les agriculteurs »
explique Vincent Faloya de l'Inra de Rennes
(© LG, Terre-net Média)

Une démarche progressive avec une amélioration pas à pas du système ont permis d’arriver à ces résultats, « en utilisant des moyens agronomiques, en changeant les systèmes de culture et les systèmes de production » précise Pierre Mischler. Un diagnostic de chaque exploitation a en effet permis de faire un bilan des points à améliorer en termes d’impacts environnementaux notamment.

Certains aspects ont pu être priorisés ce qui a permis d’adapter le système de culture en diversifiant par exemple les rotations. Les résultats présentés sur une ferme ont montré la diminution de l’Ift de 8,08 doses par hectare en 2002 à 3,65 en 2008. L’exploitant a diversifié ses rotations en passant de cinq cultures en 2002 à neuf cultures en 2008. La rotation blé sur blé de 16% en 2002, avait également été supprimée en 2008.

Les essais réalisés sur ces huit fermes pilotes montrent principalement que la réduction de l’usage de l’azote et des produits phytosanitaires semble pouvoir être réalisée assez facilement. Un bémol est à mettre cependant concernant les herbicides car « c’est quelque chose de plus difficile à diminuer » précise Pierre Mischler.

Echanger pour faire sauter les verrous

Personnaliser la démarche ? La présidente acquiesce


Marion Guillou, présidente de l'Inra soutient
ces démarches de conception participative.
(© LG, Terre-net Média)
Marion Guillou, présidente de l’Inra, déclarait à ce propos qu’« il était important de s’éloigner des systèmes normalisés et qu’il fallait adapter les itinéraires techniques aux conditions locales ». D’autre part, elle a également souligné que l’engouement vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement dépendait également de la valorisation des produits dans les filières, qu’il fallait donc faire un effort sur ce point. De plus « il est important de développer les partenariats régionaux » a-t-elle ajouté.

En conclusion, nous retiendrons sa phrase : « On ne changera pas de pratique, si on n’a pas faim de changer de pratique. »

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Outre les résultats obtenus cette démarche « comporte l’avantage de fournir aux chercheurs une opportunité de tester en  grandeur leurs hypothèses » explique Vincent Faloya de l’Inra de Rennes. Ces derniers « prennent aussi conscience que les agriculteurs ont besoin et demandent des solutions applicables immédiatement » ajoute-t-il.

Les remarques des agriculteurs réalisées au cours des essais permettent ainsi de peaufiner la technique pas à pas en prenant en considération leurs remarques sur les conditions économiques, ou organisationnelles. « Les échanges chercheurs/agriculteurs permettent de lever les verrous. Le plus souvent l’agriculteur trouve lui-même les solutions pour lever ces verrous » précise Pierre Mischler.

Bien plus que l’aboutissement de travaux de recherche, les résultats obtenus semblent être le fruit d’une étroite collaboration entre chercheurs et agriculteurs. Les intervenants ont d’ailleurs cherché à souligner le rôle essentiel de l’échange et du conseil dans ce type de démarche.

Ce système étant spécifique à chaque exploitation, il en devient cependant difficilement généralisable. Ces expériences montrent en effet qu’il ne s’agit pas d’appliquer un plan tout fait, mais bien d’établir une démarche personnalisée à chaque agriculteur.


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