France A peine lancé, le biocarburant E10 est déjà brocardé
Le biocarburant E10 fait son entrée aujourd'hui dans les stations-service françaises, mais avant même son lancement, il suscitait déjà les critiques des pétroliers et des écologistes.
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Carburant composé à 90% d'essence sans plomb 95 et à 10% d'éthanol, l'E10 est censé contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique. Il fait paradoxalement l'unanimité contre lui dans les milieux écologistes. «Ca n'a aucun sens écologique et en plus, ce n'est pas rentable économiquement», assure Sébastien Godinot, de l'association Les Amis de la Terre.
Les défenseurs de l'environnement dénoncent l'agriculture intensive, gourmande en engrais et pesticides, à l'origine de l'éthanol et pointent les fortes quantités d'eau et d'énergie nécessaires à la fabrication et au transport de cet alcool issu de la betterave ou des céréales. «Pour une tonne de pétrole économisée, les agrocarburants en consomment au moins autant pour être produits», estime Sébastien Godinot, qualifiant les «agrocarburants» de «fausse solution poussée par le lobby agricole».
Plutôt promouvoir les carburants alternatifs
«L'impact pour l'environnement n'est même pas intéressant», abonde Raphaël Claustres, du Comité de Liaisons Energies renouvelables (Cler). Ce réseau d'associations, d'entreprises et de collectivités locales milite pour limiter les agrocarburants à la distribution locale d'huiles végétales pures, nécessitant moins de transport et de transformation.
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Il propose en outre de promouvoir des carburants alternatifs tels que le biogaz (fermentation de matière organique) ou les biocarburants de 2e génération (fabriqués à partir des déchets végétaux de l'agriculture). La critique n'est pas nouvelle. Dans un rapport publié en juillet 2008, l'Ocde soulignait que les politiques de soutien aux biocarburants, très coûteuses, avaient un impact limité (de l'ordre de 1%) sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Pourtant, selon l'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe), le plan biocarburant français (comprenant le biodiesel et les autres biocarburants) doit permettre à la France d'économiser six millions de tonnes en émissions de C02 en 2010, sur les 128 millions de tonnes que le transport routier émet chaque année.
Difficultés de distribution
En première ligne pour le lancement de l'E10, les compagnies pétrolières ne sont pas plus enthousiastes. L'augmentation de la part d'éthanol dans l'essence va augmenter les excédents d'essence qu'elles ont de plus en plus de mal à exporter vers les Etats-Unis. «D'un point de vue strict, l'incorporation d'éthanol à l'essence n'est pas favorable au raffinage français», reconnaît ainsi Jean-Louis Schilansky, président de l'Union française des industries pétrolières.
Face aux difficultés techniques de distribution de l'E10, de nombreuses compagnies traînent les pieds et le nouveau carburant pourrait mettre près d'un an avant de faire son apparition dans les pompes les plus reculées. Loin de ces crispations, les betteraviers saluent au contraire un «lancement très attendu» qui offre un nouveau débouché à leur filière, handicapée par la suppression des subventions aux exportations de sucre. «Nous espérons devenir le leader européen de la production d'éthanol», se réjouit Alain Jeanroy, de la confédération générale des planteurs de betteraves. Les perspectives sont en effet prometteuses pour la filière bioéthanol française, qui emploie déjà de 3.500 à 5.000 personnes pour un chiffre d'affaires de 500 millions d'euros. Selon ses calculs, la consommation d'éthanol pourrait être multipliée par dix dans l'Union européenne d'ici à 2020.
Pour en savoir plus lire Lancement du site internet consacré au biocarburant E10
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