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Congrès Fnsea à Poitiers Pas de politique agricole forte et ambitieuse pour 2013 sans « unité » ni « régulation » (Analyse)

Le 63ème congrès de la Fnsea vient de s’achever. Le syndicat majoritaire n’a pas d’autre choix que de rester un syndicat fort pour afficher auprès de Bruxelles, avec force et conviction, les ambitions de la France pour une politique agricole ambitieuse. Mais les négociations sur la prochaine Pac de 2013 ne gagneraient-elles pas en efficacité si le syndicalisme français est uni ?

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Du congrès de la Fnsea qui vient de s’achever le 2 avril dernier, deux mots sont à retenir : « unité » et « régulation ».

« Unité » car les discours des responsables nationaux du syndicat majoritaire, Jean-Michel Lemétayer en tête, mais aussi ceux de Michel Barnier, qui s’est rendu à deux reprises à Poitiers, et de François Fillon, Premier ministre, venu clôturer le congrès, avaient en toile de fond la nécessité de mobiliser les troupes du syndicat pour défendre, lors des prochaines négociations sur la Pac à conduire après 2013, un modèle agricole français et européen qui ne fait pas l’unanimité.


Michel Barnier avec le Premier ministre François Fillon ( à droite). (© Terre-net Média)

Cependant, si cette unité est nécessaire, suffira-t-elle ? Ne peut-on pas imaginer un front commun du syndicalisme agricole français autour de certaines valeurs comme le pays sait le faire sur la scène internationale sur des sujets d’intérêt national? L'agriculture française fait partie des domaines régaliens de l'Etat au même titre que la défense.

Des prix rémunérateurs, tous les syndicats le revendiquent. La prise en compte du facteur emploi, le Grenelle de l’environnement, la vitalité des territoires, le droit à la concurrence, les négociations commerciales avec la grande distribution, le refus d’un libéralisme débridé, la défense des quotas, la préférence communautaire… autant de thèmes portés par les syndicats, chacun à sa façon, certes, mais qui pourraient faire l’objet d’un consensus. Car les négociations sur la prochaine Pac de 2013 en valent bien la chandelle. Ne gagneraient-elles pas en effet en efficacité si le syndicalisme français était pour cette cause uni? Aussi belles soient-elles, les belles couleurs sont encore plus belles sur un beau tableau!  

Préserver le modèle

« Régulation », le second mot phare de ce 63ème congrès fait aussi partie de cette palette revendicatrice du syndicalisme. «La politique agricole qu’il faut pour la France et l’Europe est une politique qui préserve notre modèle contre les risques de concentration des exploitations » mais aussi « une politique qui encourage le renouvellement des générations qui prenne en compte les handicaps et qui protège les consommateurs » défend Jean-Michel Lemétayer en accueillant le 1er avril Michel Barnier.


Jean-Michel Lemétayer, président de la Fnsea
pour la «régulation» au congrès de Poitiers,
pays de Ségolène Royal (© Terre-net Média)

En cette période de crise, la Fnsea a mobilisé, nous l’avons vu, les plus grands responsables politiques nationaux, conscients que la France joue son avenir dès 2010 comme tenait à  préciser François Fillon ( lire François Fillon en synergie avec le syndicat).

 L’agriculture et l’agroalimentaire, qui emploient 14% de la population active, offrent des emplois non délocalisables et génèrent un excédent commercial que d’autres secteurs économiques envient. C’est ce patrimoine économique que le gouvernement et les leaders de la Fnsea souhaitent à tout prix préserver. Mais aussi, à leur façon, les autres syndicats.

Transformer l'handicap urbain en atout

L’explosion annoncée de la « grande maison » n’a pas eu lieu. Et heureusement; car il n’y a pas de relève pour affronter dans l’instant les défis à surmonter.

Dans les circonstances actuelles, une Fnsea affaiblie ferait le bonheur des détracteurs de la Pac. Ils  refusent de comprendre que pour un budget européen à l'agriculture qui revient à 100€ par citoyen, l’Union européenne est la plus grande puissance agricole mondiale !

Les enjeux de l’après 2013 sont, selon eux, sans commune mesure avec les défauts du plan Barnier dénoncés vivement par les céréaliers du nord bassin parisien (et qui seront encore plus durement ressentis par ceux des zones intermédiaires). En attendant, même si leurs plaintes ont été entendues et comprises, l’appel à raison envers ces derniers pendant les 72 dernières heures à Poitiers n’apporte en rien une solution concrète à leurs problèmes actuels. La baisse des aides est pour ces céréaliers, le dernier filet de sécurité de revenu qu’offre la Pac dans un contexte de volatilité des prix et d’incertitudes. « Le tout Dpu ne fait pas une politique », clame Jean-Michel Lemétayer. Mais sans Dpu, dans la conjoncture actuelle, il n’y a plus de revenu. Et ça, les agriculteurs qui ont manifesté et d’autres plus silencieux, le savent. Faire le pari d’une hausse des cours pour compenser la baisse des soutiens publics est audacieux. Combien d’années euphoriques la France et l’Europe ont-elles connu depuis dix ans? A peine trois !

Les nouveaux outils


Venus de Paris, les céréaliers nord bassin parisien à l'entrée
du palais des congrès de Poitiers où se déroule le 63ème
congrès de la Fnsea. (© Terre-net Média)

Ceci dit, la situation à laquelle sont confrontés les céréaliers des bassins parisiens parmi les plus nantis de la profession, témoigne aussi, et surtout pour les plus jeunes, de leur négligence de ne pas avoir opté pour des projets plus en phase avec leur environnement économique.

Les porteurs de projet auraient eu les mêmes soutiens pour s’installer en ayant développé une agriculture de proximité (douze millions de consommateurs sont à leur porte) à forte valeur ajoutée. Ils auraient fait ainsi de leur handicap urbain un atout.

Le département du Nord, et surtout les Flandres, doit le nombre important de fermes encore en activité à la capacité d’une partie de ses agriculteurs à avoir su tirer partie de la densité élevée de la population. Le pays Basque est aussi un autre exemple. Il est trop tard pour changer le monde. Le plan d’accompagnement, la modernisation agricole promise par le gouvernement et une meilleure conjoncture seront les nouveaux outils sur lesquels les victimes du rééquilibrage devront compter. Espérons qu’ils seront efficaces pour ne pas les voir couler.

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