Marge des grandes surfaces Barnier prêt à envoyer des inspecteurs des finances dans les supermarchés
Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, soucieux de rassurer un monde agricole en ébullition, a évoqué jeudi l'envoi d'inspecteurs dans les enseignes de grande distribution ne jouant pas "le jeu de la transparence" sur les marges des produits.
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« Il faut que le secteur de la grande distribution joue le jeu de la transparence. Nous devons avoir cette transparence qui sera la première étape (...) pour plus de modération des prix », a déclaré M. Barnier à la presse en marge du congrès national des Jeunes agriculteurs, branche de la FNSEA, réuni à Saint-Flour (Cantal). Le cas échéant, le gouvernement est « décidé à envoyer des inspecteurs du ministère des Finances pour aller chercher les informations quand elles ne nous parviendront pas spontanément », a-t-il ajouté.
Ce n'est qu'en marge du congrès, au cours duquel il s'est fait copieusement siffler, que M. Barnier a annoncé cette mesure, pourtant prompte à le faire rentrer en grâce auprès des agriculteurs. Ceux-ci ont en effet commencé, dans l'ouest de la France, à bloquer des plateformes de la grande distribution et menacent de bloquer dès jeudi soir près de la moitié du réseau d'approvisionnement des grandes surfaces.
Jean-Michel Lemétayer, président de la FNSEA, a immédiatement réagi, sur France Info, à cette annonce, y voyant le signe que les agriculteurs sont « en train d'être entendus par le gouvernement ». Tout en maintenant le blocage.
Un début de réactions de la part du gouvernement
M. Barnier a quant à lui tenté, en vain, de rassurer les Jeunes agriculteurs devant leur congrès national. Ils l'ont accueilli par des sifflets, aux cris de « vendu! ». « Je ne suis pas venu chercher des applaudissements ou des sifflets, je suis venu vous parler », a déclaré M. Barnier, se contentant d'évoquer devant les congressistes la création d'un observatoire des marges par son ministère, en réponse à la colère des agriculteurs à ce sujet. Son discours a été interrompu à plusieurs reprises par les cris et les huées des congressistes, qui ont brandi des cartons rouges, malgré l'appel au calme des organisateurs.
Au sujet de l'accord sur le lait conclu la semaine dernière à Paris, mal accueilli sur le terrain, le ministre s'est dit conscient qu'il s'agissait d'un « mauvais accord ». « J'ai entendu le désaccord» des agriculteurs, mais « je n'ai pas dicté l'accord, ce n'est pas le gouvernement qui fixe les prix », a dit M. Barnier. Cet accord « est le fruit d'un compromis, on peut dire que c'est un mauvais accord, mais je vous jure qu'on est parti de positions très éloignées et que le risque était grand qu'il n'y ait pas d'accord », a-t-il ajouté.
Avant son intervention, William Villeneuve, président des Jeunes agriculteurs, a fait part de l'inquiétude du monde agricole: « ni la crise financière, ni les émeutes de la faim en 2008 n'auront constitué l'électrochoc nécessaire à l'évolution de nos règles de concurrence ». M. Barnier, élu dimanche député européen, doit quitter prochainement le gouvernement et prononçait son dernier discours en tant que ministre de l'Agriculture.
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