Login

Conjoncture 2008 Des revenus agricoles au bord du gouffre

La Commission des comptes de l’agriculture de la Nation vient de publier ce 1er juillet 2009 ses dernières prévisions en matière de revenu agricole pour 2008. Alors qu’elle avait estimé sa baisse par actif non agricole à -14% par rapport à 2007, elle prévoit en fait un recul de 16% (exploitations professionnelles). Le recul atteindrait même 20% pour l’ensemble des exploitations.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


De grosses difficultés de trésorerie attendues (© Terre-net Média)
« Les dernières estimations des comptes de l’Agriculture de 2008 confirment la dégradation de la conjoncture agricole fortement impactée par la crise économique mondiale et un décrochage particulièrement fort du revenu agricole par rapport au revenu moyen des ménages », commente l’Apca à a lecture des chiffres publiés par les services statistiques du ministère de l’Agriculture.

« La période de crise actuelle, marquée par une extrême volatilité des prix agricoles et des intrants et, une extrême sensibilité des échanges commerciaux aux évolutions des demandes intérieures, rend l'exercice de prévision particulièrement difficile. Elle souligne aussi les limites de modèles par extrapolation et prolongation de tendances. À ce titre, nous souhaitons une communication plus prudente des premières estimations publiées en décembre qui souligne leur caractère provisoire. »

Il est vrai que certains des résultats de ce 1er juillet 2009 révisés par le ministère de l’Agriculture surprennent. Le revenu des viticulteurs aurait diminué l’an dernier de 22% or en décembre dernier, la cour des comptes annonçait une légère hausse de 2%. Ceux de la catégorie Autres vins verraient au final leurs revenus réduits de près 35% contre une hausse de 15% annoncée en décembre 2008.


Preévisions de revenu établies en décembre 2008 (© ministère de l'agriculture)
En grandes cultures, le repli serait aussi plus accentué que celui prévu à la fin de l’année dernière (-37% contre -30% initialement). Les producteurs « autres grandes cultures », ayant fini l’année dans un contexte haussier pour les betteraves et les pommes de terres, sont parvenus à compenser partiellement la chute continue des céréales qui a impacté de plein fouet les zones intermédiaires. Le revenu par actif salarié aurait diminué de 17% contre 25% initialement.


Les prévisions de revenus agricoles corrigés le 1er juillet dernier (© Terre-net Média)

Auraient aussi mieux fini l’année 2008, les éleveurs de bovins viande et d’ovins viande. La conjoncture du marché de la viande aurait au final moins pesé sur les revenus de les éleveurs en bovins viande (replis annoncé ce 1er juillet de 24% et non pas de 32%).

Le lait fera encore parler de lui

En revanche, à noter que le retournement de la conjoncture laitière ne s’étant que partiellement répercutée sur les chiffres de 2008, les éleveurs auraient vu leur revenu de cette année là tout de même progresser de 21%. Mais ces chiffres qui paraissent aujourd’hui irréels.

L’Apca pense du reste que le secteur laitier ne peut compter sur un redressement du marché du lait dans les prochains mois. « Les travaux que nous avons réalisés, dans les Chambres d'agriculture, montrent clairement que les pertes de 2009 sont très supérieures à la hausse de 2008. Les simulations sur cas-type extraits de notre observatoire des exploitations agricoles font apparaître un revenu 2009 inférieur de 26% à 40% à celui de 2007, avec une hypothèse d'un prix moyen annuel de 280€ /1000l », explique l’Apca

Les premières réactions syndicales 

 A l’annonce des chiffres sur le revenu agricole, les réactions syndicales ne ses dont pas faites attendre. « Le grand bond en arrière » se confirme selon la Fnsea. La Coordination rurale parle de « baisse catastrophique du revenu agricole ».



François Lucas, président de la CR
(© Terre-net Média)
La CR tient du reste à souligner que le revenu moyen des agriculteurs calculé pour 2008 équivaut dorénavant à celui 1994, « soit un recul de 15 ans, alors que près de 300.000 agriculteurs ont disparu sur cette même période ».

« Les mesures du bilan de santé de la Pac aggraveront la situation des uns et ne seront qu’un saupoudrage bien insuffisant pour les autres. Comme le répète la CR depuis sa création et comme le montre de manière particulièrement aiguë la crise du lait. La solution est ailleurs : Pac rénovée en profondeur, des prix rémunérateurs et conformes à la réalité économique des exploitations ».

Contractualisations

« Pour arrêter cette spirale à la baisse des revenus agricoles, il ne faut pas tout attendre d’une embellie ou d’éventuelles aides supplémentaires. Il vaut mieux organiser nos filières, contractualiser pour stabiliser nos revenus sur le long terme ! », défend pour sa part Jeunes agriculteurs.

« Cette volonté de ne plus subir mais d’agir résume le projet des Jeunes Agriculteurs, davantage fragilisés par le manque de visibilité à long terme. En amont : limiter l’impact des hausses de charges (alimentation animale, intrants) par la contractualisation pour sécuriser au maximum les approvisionnements. En aval : se battre avec les consommateurs pour un juste prix des produits agricoles et une transparence des marges », ajoute le syndicat dirigé par William Villeneuve..

D’ores et déjà, la Fnsea demande au gouvernement et au nouveau ministre Bruno Le Maire de « prendre ses responsabilités et de prévoir, comme en 2008, un rendez-vous sur le revenu agricole à l’automne afin de mettre toutes les cartes sur la table et dégager les moyens pour une agriculture que producteurs et consommateurs veulent compétitive et durable ».

« Il faut libérer les énergies, trouver des solutions à une hausse des charges de plus de 12 %, et plus que jamais obtenir la vérité sur la formation des prix et des marges », ajoute le syndicat majoritaire.


A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement