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Multiplication de semences « J’ai une prime de multiplication pour le blé tendre de 24,6€/tonne »

Dominique Petillon, agriculteur à proximité de Chartres (28) présente une partie de son système cultural. Petite particularié, il cultive chaque année sur environ un quart de sa Sau (surface agricole utile) des variétés pour la multiplication de semences. Retrouvez son témoignage et quelques éléments chiffrés des trois dernières récoltes pour comprendre ses choix et ses motivations.

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Fiche identité

Dominique Petillon : Agriculteur
Entreprise : Scea De Bulas (28)
Sau : 270 ha
Type exploitation : Grande culture
Principales cultures : Blé, orge, maïs, colza, betterave, pomme de terre
Partie de la Sau consacré à la multiplication de semence sur la campagne 2008/2009 :

  • 22ha d’orge d’hiver (Meseta),
  • 22ha de blé tendre (Mercato),
  • et 20 ha de blé dur (Miradoux).

Terre-net Média : Aujourd’hui sur votre exploitation, en quoi consiste la multiplication de semence ?

Dominique Petillon : C’est de produire des semences indemnes de repousses. Pour cela, je les produit derrière mes têtes d’assolement (betterave, maïs, pomme de terre, colza et poix) et sans labour. L’objectif, c’est que la récolte soit pure. Cette année et pour la première fois, j’ai malheureusement été obligé d’épurer à la main 5 ha d’une parcelle, car il y avait des repousses d’orge (semé en 2005).

Tnm : Pourquoi pratiquez-vous ce type de culture ?

DP : Dans l’exploitation, on a toujours fait des semences. Ca fait deux générations que nous travaillons avec la maison Desprez pour la multiplication de semences. Et puis, j’aime bien cultiver de nouvelles variétés et j’aime innover. De toute manière, il en faut des multiplicateurs.

Tmn : Quelles sont les contraintes ?

DP : Ce ne sont pas réellement des contraintes. Je conduis mes cultures de la même manière qu’elles soient à destination de la maison Desprez, des coopératives ou des meuniers.

En tout premier point, il faut avoir des parcelles homogènes. Qu’elles soient d’un point de vue agronomique stables. Sur mes 20 ha de blé dur, par exemple, il faut que la qualité de la récolte soit la même. Mon exploitation se situe sur des terres argilo-limoneuses, de bonnes terres, ce qui me permet de faire des bonnes récoltes en rendement et en qualité.

Pour les traitements, je ne fais aucune impasse


"Il y a deux ans le matif n’a fait que de baisser et donc là on a été pénalisé,
surtout que le cours récolte n’a fait que monter. On a vendu plus cher
nos récoltes que nos semences."  (© Terre-net Média)
Côté itinéraire cultural, mes cultures sont placées derrière les têtes d’assolement. J’évite le labour sauf si les conditions sont trop humides. Généralement, je passe un coup de Chisel ou de sous-soleuse.

L’achat des semences est en moyenne plus cher d’environ 10%. Et c’est la maison Desprez qui nous indique quelles variétés cultiver. Au niveau implantation des cultures, je m’arrange pour éviter toute contamination. Par exemple, j’évite qu’un blé tendre semence se retrouve à côté d’un blé tendre classique. Si je ne peux pas faire autrement, je détoure la parcelle de blé tendre semence une à deux fois à la récolte. Il en va de même si un blé dur est à côté d’un blé tendre.
Dans le cas où il y a contamination (repousses et adventices), j’épure à la main. Ca ne m’arrive qu’une année sur 10 ans en moyenne.

Pour les traitements fongicides, je ne fais aucune impasse. Trois passages. Je fais toujours à l’optimum. Sur le blé dur, je mets le paquet pour éviter les fusarioses et le développement de mycotoxines. J’ai fait le choix d’avoir une production de qualité. Je fais également des blés panifiables et je souhaite valoriser cette qualité auprès des meuniers à qui je vends directement. Pour les insecticides, cette année il n’y a pas eu besoin de traitement, mais s’il y a une présence d’insecte, c’est le même raisonnement.

Côté adventices, la contrainte est forte. La récolte doit être pure. Je suis encore plus méticuleux sur les traitements herbicides. S’il faut faire deux désherbages, j’en fais deux. Je ne prends pas de risque. Je fais l’optimum, surtout que la présence de folle avoine est un motif de déclassement de la parcelle.

Si la récolte possède trop d’impureté elle peut-être déclassée

Question modalités de paiement

Tnm : Quelles sont les modalités de paiement ?
DP :
On a un acompte payé 10 jours après la récolte, 2/3 du prix fixé. Le reste nous est payé le 31 décembre. Ca nous permet d’avoir un peu de trésorerie à la récolte.

Autres contraintes importantes, il faut nettoyer la machine de fond en comble après chaque semence récoltée. Ca, ça prend vraiment du temps. Puis après la récolte, il faut isoler les semences. Je possède des silos bétons sous hangar qui me permettent de trier et de charger les camions.

Tnm : Ces contraintes semblent nombreuses et avoir un impact sur la rentabilité des cultures. Comment êtes vous rémunérés ?

DP : J’ai une prime de multiplication pour le blé tendre de 24,6€/tonne  pour les 5,5 premières tonnes. Pour les suivantes, la prime est de 17,15€/tonne et une prime de stockage de 4,57€/tonne. Le stockage est une contrainte et c’est pourquoi la maison Desprez nous indemnise. Pour la prime de multiplication, elle vient couvrir les frais d’achat de semence et d’itinéraires culturaux.

Sur le blé dur, la prime de multiplication est de 32,81€/tonne pour les 5,5 premières tonnes et après de 22,81€/tonne ; plus la prime de stockage et une prime qualité de 5,57€/tonne, qui n’est versée que si il n’y a que des grains de blé dur.

Pour l’orge, la prime de multiplication est de 24,52€/tonne pour les 5,5 premières tonnes et de 17€/tonne pour les suivantes ; la prime pour le stockage est la même.

L’an dernier c’était intéressant, le matif n’a fait que de monter, donc on a gagné de l’argent

 

Prix de vente du Blé Tendre en fonction du débouché de l'exploitation (€/q)

Récolte 2008

Récolte 2006

Prix de vente moyen

20,25

14,23

Blé de Semence (Maison Desprez)

19,25

11

Blé à destination de la Coopérative

14,54

9

Blé Meunier (sous contrats)

24,28 à 25,30

15,50

A la livraison, chaque camion est échantillonné. Si la récolte possède trop d’impuretés elle peut être soit déclassée, soit simplement être considérée « impropre à faire de la semence ». Mais avant l’échantillonnage, le Service officiel de contrôle (Gnis) vient contrôler toutes les parcelles et juge si la culture peut être certifiée pour semence. Il m’est arrivé une fois que le Soc me refuse une parcelle.

Question vente, le Gnis (interprofession des semences) émet avec les semenciers et les agriculteurs des prix de références (qui ne sont pas des minimums, ndlr). Les références se décomposent via la prime de multiplication et le prix de consommation (pondéré sur les prix matif du 1er octobre, 1er avril et 1er juillet). L’an dernier c’était intéressant, le matif n’a fait que de monter, donc on a gagné de l’argent.

Mon avantage : produire pour plusieurs débouchés

Il y a deux ans le matif n’a fait que de baisser et donc là, on a été pénalisé, surtout que le cours récolte n’a fait que monter. On a vendu plus cher nos récoltes que nos semences. Une année ça peut être dans un sens, et puis dans l’autre. C’est le marché, c’est un coup de poker ! Mais en général, il y a un plus sur les semences. Je dirais qu’une année sur 10, on perd. Ca ne serait pas rentable, ça ferait longtemps que j’aurais arrêté.

 

Prix de vente du blé Dur en fonction du débouché de l'exploitation (€/q)

Récolte 2008

Récolte 2007

Récolte 2006

Prix de vente moyen

37

38,49

19,60

Blé de semence (Maison Desprez)

32

38,58

19,60

Blé à destination de la consommation

40

36

16,21

Et mon avantage, c’est de produire pour plusieurs débouchés : en blé tendre pour les semences, les meuniers (sous contrats) et le reste vers les coopératives ; en blé dur pour Maison Desprez et pour la consommation et de même pour l’orge.

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