Résistances aux Fops et aux sulfonylurées « Toutes les régions échantillonnées sont concernées »
Le ray-grass et le vulpin constituent une flore difficile sur céréales d’hiver. Les principales familles chimiques disponibles sur le marché, les Fops et les Sulfonylurées constituent 71 % du désherbage anti-graminées en France. Et ces deux familles sont aussi les plus touchées par des problèmes de résistances. Le Group’HD(1) élabore depuis 2 ans une cartographie des résistances à partir de leur réseau d’observation. Présentation des résultats 2008-2009.
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Le Group’HD(1), le groupe de travail sur les mauvaises herbes du réseau InVivo et de trois firmes phytosanitaires, dresse depuis deux ans un état des lieux des résistances des mauvaises herbes aux deux familles d'herbicides anti-graminées sur blé en France.
Les échantillons relevés montrent une résistance dans toutes les régions, ici, la résistance du ray-grass aux herbicides de la famille des Fops (© Group'HD) |
Pour ce faire, deux graminées présentant des résistances sont étudiées, le ray-grass et le vulpin, et deux famille d’herbicides sont testées : les Fops (aryloxyphénoxy-propionates) et les sulfonylurées. Des prélèvements ont été effectués partout en France chez des agriculteurs adhérents de coopératives du réseau inVivo. Au total, 231 prélèvements ont été effectués en 2008-2009 puis analysés. Les résultats ? Ces 231 échantillons issus de 184 parcelles montrent que des cas de résistances aux deux familles chimiques et pour les deux graminées apparaissent dans toutes les régions échantillonnées(2). Autre résultat : toutes les zones ne sont pas affectées au même niveau.
Plus de résistance relevée avec les Fops
Les problèmes de résistance sont plus nombreuses avec les herbicides de la famille des Fops, avec le ray-grass comme avec le vulpin. L’analyse des résultats montre que 53% des 184 échantillons sont résistants(3), 15% présentent une dérive de sensibilité(3), et 32% sont sensibles(3). La résistance est plus forte au nord de la Loire : les régions Lorraine-Bourgogne, Champagne, Nord Normandie et Centre.
La résistance du vulpin aux herbicides de la famille des Fops est forte dans la zone Nord-Loire (© Group'HD) |
Sur la résistance aux sulfonylurées, celle-ci est moindre mais également relevée dans toutes les régions. Sur les 184 échantillons, 16% présentent une résistance et 29% une dérive de sensibilité. L’effet régional est également moins marqué. La région Nord-Normandie est plus touchée avec 31% de cas de résistance. En Champagne et sud-Loire, la proportion de graminées sensibles a par contre progressée.
Des facteurs de risque qui peuvent être amoindris
Le Group’HD s’est aussi penché sur les facteurs de risques d’apparition des résistances. Il ressort clairement que les pratiques agronomiques et chimiques influent directement sur ce risque.
La date de semis en est un exemple. Interrogés sur cette pratique, il ressort que les agriculteurs qui ne font pas de semis précoces ont moins de risques de résistance aux Fops. Autre constat : plus les parcelles sont infestées, plus elles ont de risques d’être résistantes aux Fops. Des parcelles infestées en-dessous de 10 pieds/m2 sont à 54% sensibles à cet herbicide.
L’influence de la rotation a également un impact sur la résistance aux sulfos : moins les parcelles ont de cultures dans leur assolement, plus elles ont de risques d’être résistantes aux sulfos. Le facteur « fréquence d’application des sulfos » joue aussi : plus les parcelles en reçoivent, plus elles ont de risques d’y être résistantes. « D’où l’importance d’allier la lutte chimique et la lutte agronomique pour gérer les résistances, conclut Céline Denieul, du département agronomique chez Invivo et animatrice du Group’HD. Cela passe par l’allongement des rotations et la mise en place des cultures de printemps, un semis tard, un travail du sol à l’interculture, ou encore l’alternance et l’augmentation du nombre de modes d’action utilisés. »
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