Dow AgroSciences « Un enjeu majeur : conserver ce que l’on a ! »
Comment se traduit la notion de « désherbage durable » chez Dow AgroSciences ? Eléments de réponse avec Jean-Louis Gazel, chef produits herbicides chez Dow AgroSciences.
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"Les herbicides et les résistances sont des enjeux majeurs", Jean-Louis Gazel (© DR) |
Jean-Louis Gazel : Concernant les anti-graminées, il n’y aura pas de nouveau mode d’action avant 10 ans en France. On le sait grâce aux dépôts des demandes de brevets. Avec la disparition d’anciennes matières actives et les contraintes que cela implique, nous avons tous un enjeu majeur de conserver ce que l’on a. On avait en France une situation qui n’était pas trop mauvaise, si l’on fait tous quelque chose, cela peut aller dans le bon sens. Il ne faut pas arriver à la situation de l’Angleterre, où les agriculteurs sont pour certain obligés d’abandonner la culture ou sinon d’avoir des coûts de désherbage qui atteignent 150€/ha. Les exploitations sont devenues quasiment invendables, tellement la problématique vulpin est importante.
TNM : Comment cela se traduit concrètement en termes de préconisations ou de formulations de produits ?
J-L. G. : Nous participons depuis deux ans au group'HD(*). L’objectif est de faire passer le message et de sensibiliser les agriculteurs à ce problème, par les techniciens des coopératives ou les technico-commerciaux. En effet, des enquêtes récentes montrent que les agriculteurs restent encore en attente de nouvelles matières actives, et certains ont déjà de grosses difficultés de désherbage. Il faut donc tout faire pour baisser la pression des graminées sur les parcelles. Le premier moyen passe par les pratiques agronomiques qui fonctionnent : passage de charrue, rotation des cultures, semis pas trop précoces. Le deuxième moyen pour y arriver est de raisonner les rotations des modes d’action des produits utilisés. Il y a les sulfonylurées, mais il n’y a pas que cela, il faut avoir le réflexe d’alterner ! Sur chardon par exemple, d’autres modes d’action sont efficaces. En France, il n’y a pas assez la culture du « mode d’action » à l'origine des résistances. En Australie par exemple, les bidons des produits sont tous identifiés par une lettre qui code le mode d’action du produit. Il faudrait arriver à cela en France aussi, mais un consensus est nécessaire entre tous les acteurs pour y parvenir.
Enfin dans un troisième temps, si cela tourne mal, l’ultime solution reste de dépenser 120€ dans quatre herbicides blé différents, avec deux modes d’actions différents, pour obtenir 98% d’efficacité. Mais il ne faut pas attendre d’être dans des situations comme cela ! 10 vulpins par m2, c’est la limite maximale à ne pas dépasser. Il faut être très vigilant, on va tout faire pour que les techniciens suivent de plus près qu’avant et mettent en place un plan d’action dès les premiers symptômes. Nous devons donc cibler notre communication auprès des distributeurs qui ont un poids important dans les décisions des agriculteurs, afin que ces derniers passent le message.
TNM: Cette démarche ne sert-elle pas aussi à « redorer » l’image des produits phytosanitaires ?
J-L.G. : Très honnêtement, je pense que la profession a toujours essayé d’améliorer les choses, réellement. Les discours anti-pesticides actuels viennent des pratiques d’il y a 20 ans. Rien n’est parfait, mais on essaye et les molécules sont de plus en plus propres. Les choses avancent, soit parce qu’il y a une pression des "officiels", mais aussi parfois parce qu’on a un temps d’avance sur les obligations officielles. Les bandes enherbées par exemple, on était pour ! Le désherbage durable, ce n’est pas qu’un discours, il y a quand même des choses concrètes qui sont faites grâce à l’industrie phytopharmaceutique. On peut citer par exemple le ramassage des bidons; c’est nous qui l’avons mis en place et qui payons pour ! Les bonnes pratiques agricoles, nous y avons aussi beaucoup participé. Ou encore le fait que nous essayons de remplacer dans les formulations les solvants chaque fois que l'on peut.
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