Mobilisation nationale La Fnsea veut reprendre l'ascendant sur ses troupes
La FNSEA organise vendredi une journée nationale de mobilisation contre la baisse des revenus des agriculteurs, une occasion pour le syndicat majoritaire de reprendre l'ascendant sur ses troupes après le rendez-vous raté sur la grève du lait qu'il n'a pas voulu soutenir.
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« Nous attendons beaucoup de cette mobilisation », reconnaît Dominique Barrau, secrétaire général de la Fédération nationale des syndicats des exploitants agricoles (Fnsea). L'appel concerne tous les agriculteurs et non pas le seul secteur laitier.
« Il n'y a pas que le lait qui est en crise, toutes les productions le sont », martèle Jean-Michel Lemétayer, président de la Fnsea. Lait, légumes et fruits, viticulture, viande (bovine et porcine) ou encore céréales : en août, les prix agricoles ont poursuivi leur recul de 2,5% par rapport à juillet et de 15% sur un an, selon l'Insee. Après une baisse de 20% en 2008, les agriculteurs s'attendent cette année à une nouvelle chute de leurs revenus.
La Fnsea demande un « plan d'urgence » de quelques 400 millions d'euros. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, a admis récemment que l'agriculture affrontait la plus grave crise de ces trente dernières années. La Fnsea mise sur la participation vendredi de « plusieurs dizaines de milliers » de manifestants sur tout le territoire pour des « actions très revendicatives ». Une « action symbolique » pourrait avoir lieu à Paris, sans confirmation pour l'heure.
100.000 affiches ont été envoyées dans les 22 régions. Le président de la République est directement interpellé : « Sarkozy, l'agriculture a un prix ». M. Barrau promet des « surprises » qui devraient entraîner des « gênes » pour la population. Mais, la Fnsea, assure le responsable, a demandé aux manifestants « d'être imaginatifs sans tomber dans la casse ».
Cette journée de mobilisation a été lancée mi-septembre, au lendemain d'une violente mise en cause du président de la Fnsea, Jean-Michel Lemétayer, par des manifestants favorables à la grève du lait, une action à laquelle il s'était opposé la qualifiant « d'aberration ». Récemment encore au salon agricole de Clermont-Ferrand, il a été chahuté par les agriculteurs.
M. Lemétayer a aussi vécu comme « un coup de poignard » les propos de Nicolas Sarkozy selon lequel le gouvernement ne ferait « plus de chèque à la FNSEA » pour résoudre les problèmes des producteurs.
La grève des livraisons de lait lancée le 10 septembre pendant deux semaines, par des syndicats minoritaires explique en grande partie le malaise de la Fnsea. Organisée par la Coordination rurale et surtout l'association des producteurs de lait indépendants (Apli), une organisation inconnue encore il y a 18 mois, cette mobilisation a été regardée de haut par la Fnsea. Pourtant ce mouvement a su rassembler les éleveurs, étranglés par la chute des prix, y compris au sein des adhérents de la Fnsea qui n'ont pas compris l'attitude de leur syndicat. Et surtout, il a su convaincre l'opinion publique de leurs extrêmes difficultés et mobiliser les politiques en faveur d'une régulation des marchés agricoles en Europe.
Les responsables locaux de la Fnsea, conscients du désarroi de la base, multiplient depuis plusieurs semaines avec les Jeunes Agriculteurs (JA), des actions. Strasbourg, Paris, Bordeaux, Auch, Toulouse, Arles, Lourdes, Chartres, Mans, ont été le terrain de manifestations destinées « à faire monter la pression » avant la journée de vendredi.
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