En région Un pain bio qui chante l’Isère
Mathieu Margy est membre de l’association des producteurs de blé bio isérois qui s’est lancée en 2005 sur la création d’une filière de valorisation du blé bio. Explications.
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Une filière bio autour du blé et du pain qui a du succès en Isère (© Terre-net Média) |
Ces blé étaient orientés jusqu’en 2005 vers les filières longues de transformation. Mais en 2005, les producteurs isérois ont souhaité faire évoluer la valorisation de leur blé en développant une filière locale de commercialisation. « Nous avons lancé le projet de la création d’une filière de valorisation locale de céréales en partenariat avec le Moulin de Saint-Victor de Cessieu en 2006. » Dans le même temps était créée l’association ‘Les producteurs de blé bio d’Isère’.
Identifié, accessible et de haute qualité nutritionnelle
Au départ en 2005, le projet a mobilisé 7 agriculteurs qui ont par ailleurs eu le soutien des collectivités au travers de l’Agenda 21 et du programme ‘Mangez bio en Isère’ visant à introduire des produits bio dans les menus de restauration collective et scolaire. « Nous avons commencé à travailler avec la chambre des métiers et d’artisanat de Grenoble autour d’un noyau de 5-8 boulangers qui nous suivait. Mais ce partenariat a cessé fin 2007 en raison de divergences avec la chambre des métiers. Mais la volonté était intacte, voire renforcée par ces premiers mois d’essais. »
Le projet s’est ainsi affiné avec la volonté de créer un pain bio local « identifié, accessible et de haute qualité nutritionnelle ». La première étape a consisté à travailler avec des artisans boulangers et des chercheurs de l’Inra de Theix pour créer ce pain. « Le choix s’est porté sur un mélange théorique permettant d’obtenir un pain craquant au levain avec l’intégration de farine B1 (blé concassé issu du 1er broyeur) avec les qualités nutritionnelles d’un pain de type T80. » Pour atteindre cet objectif, la composition du pain doit se rapprocher d’un mélange théorique de 40% de blé meunier de base, 40% de blé améliorant et 20% de blé de force. « Les variétés ont été choisies en fonction de leurs aptitudes à être cultivées en bio et l’obtention de taux de protéines satisfaisants s’est faite grâce au précédent cultural (luzerne) et à des apports de composts. »
11 producteurs engagés et une marque protégée
Le projet regroupe aujourd’hui l’association des producteurs, le moulin coopératif de Saint-Victor-de-Cessieu, l’Association de développement de l’agriculture biologique (ADABio), et le groupement de producteurs et d’artisans isérois ‘Manger bio Isère’ avec le soutien financier de FranceAgriMer et du Conseil général de l’Isère.
Aujourd’hui, 11 producteurs sont engagés dans la démarche. Ils amènent le blé bio au moulin situé dans un périmètre proche. En partenariat avec les artisan/boulangers certifiés bio (dix à ce jour), une marque – ChanDisère, les pains bio d’Isère – a été créée et le nom déposé à l’Institut national de la propriété industrielle (Inpi). Cette marque s’accompagne d’un affichage en boulangerie, de tracts présentant l’histoire de la filière, d’une pastille sur les pains et d’une traçabilité bio garantie. Les partenaires de l’aval font le lien avec la restauration collective et les métiers de bouche. « En parallèle, la vente en Amap se développe et nous vendons par ce biais l’équivalent de 1,5 à 2 tonnes pour 6 semaines. »
13 tonnes de pain commercialisées
Sur le premier semestre 2008, 12 tonnes de blé ont été achetées aux agriculteurs au prix de 330 €/t ; en 2008/09, le volume a été porté à 50 t, soit l’équivalent de 13 tonnes de pains commercialisés.
« Nous maîtrisons aujourd’hui la filière avec un groupe de producteurs et de partenaires dynamiques sur lesquels s’appuyer. La proximité avec le Moulin permet de diminuer les coûts de transport et l’ensemble répond à une réelle demande de marché. Mais il nous reste encore des points à améliorer : l’approvisionnement en blé, la prospection commerciale, la logistique et le stockage en réorganisant notamment les livraisons. Nous voyons également qu’il faut aller vers une nécessaire certification des boulangers, mais le tout reste fragilisé par les cours des céréales bio. »
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