Sommet de l'alimentation à Rome Lutte contre la faim : les recettes du succès
Une poignée de pays luttent avec succès contre la faim, qui affecte un nombre record de 1,02 milliard de personnes dans le monde, en recourant à des "recettes" relevant souvent du bon sens mais qui sont parfois en contradiction avec les règles du commerce mondial.
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Seize pays ont ainsi déjà atteint l'objectif de réduction de moitié de la faim d'ici 2015, selon un rapport de l'Organisation de l'Onu pour l'Alimentation et l'Agriculture (Fao) publié à l'occasion d'un sommet de trois jours de l'organisation Onusienne à Rome. Parmi ces bons élèves figurent notamment le Nigeria, l'Arménie, la Géorgie, la Chine, la Thaïlande, le Vietnam, le Brésil et le Pérou. Pour le directeur général de la Fao Jacques Diouf, ce résultat a pu être obtenu grâce à "un engagement indéfectible de la part des gouvernements des pays en développement eux-mêmes et un soutien énergique de la part de la communauté internationale". Recettes préconisées par la Fao: création d'un "environnement économique favorable", "investissements ciblés" sur les populations rurales démunies et "planification d'un avenir durable".
Des solutions qui n'ont rien de révolutionnaire, comme le souligne Ambroise Mazal, chargé de mission sur la souveraineté alimentaire à l'ONG française Ccfd-Terre solidaire: "Ce rapport énonce des évidences. Il met en avant des expériences intéressantes, mais il fait l'impasse sur les blocages". Selon lui, arrivé comme "une surprise", ce document sert surtout à la Fao pour dire qu'"aujourd'hui on peut réduire la faim à condition qu'il y ait une volonté politique qui s'exprime par des moyens", des aides financières.
Mais, "même si un gouvernement du sud veut lutter contre la faim en engageant des réformes, il se retrouve face à tellement de contraintes qu'il ne peut pas le faire", a estimé Ambroise Mazal. Et de citer le cas du Malawi, qui a lancé en 2005 une politique de subventions aux petits producteurs grâce à laquelle ce petit pays africain est passé du statut d'importateur de maïs, son aliment de base, à celui d'exportateur. Et ce contre l'avis de la Banque mondiale, qui lui a retiré ses financements. "D'un côté, il y a la Fao qui plaide pour la protection des marchés et l'aide aux petits producteurs, de l'autre l'Omc (Organisation mondiale du commerce) qui plaide pour la concurrence et l'ouverture des marchés: on ne peut pas continuer comme ça!", a dénoncé M. Mazal.
Pour le président du Fonds international de développement agricole (Fida), le Nigérian Kanayo F. Nwanze, "on met trop l'accent sur ce que les pays développés devraient faire: on ne peut pas s'attendre à ce que la seule aide internationale sorte ces pays de la pauvreté". "Il faut avant tout que les pays en voie de développement engagent des réformes dans le secteur agricole", a-t-il indiqué dans un entretien à l'Afp.
A propos du Nigeria, cité en exemple par le rapport de la Fao, il affirme que son pays "pourrait faire mieux: le Nigeria a le potentiel pour nourrir les Nigérians mais aussi pour produire assez de nourriture et créer un marché régional dynamique: cela doit être l'objectif". Un avis partagé par Ambroise Mazal, qui rappelle que dans l'après-guerre l'Europe se trouvait dans la même situation que de nombreux pays africains aujourd'hui: "C'est grâce à la Politique agricole commune (PAC), fondée sur la protection des marchés et des investissements massifs, qu'on a pu passer d'une situation de déficit structurel à une situation d'excédent".
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