Intempéries Sinistrés, des agriculteurs du centre-Bretagne s'interrogent sur leur avenir
Poulaillers et hangars effondrés, milliers de litres de lait jetés faute de collecte : les agriculteurs du centre-Bretagne, aux revenus malmenés depuis plusieurs années, sont particulièrement éprouvés par les intempéries de ces dernières semaines.
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Les bâtiments effondrés et les pertes d'exploitations sont très importants en Bretagne suite aux intempéries. (© DR) |
A Magoar, à quelques kilomètres de là dans une campagne immaculée, Arnaud Bouillennec, la trentaine, fait observer le toit de l'étable où étaient abritées « 12 génisses prêtes à vêler ». « Quand je suis sorti dimanche matin, le toit était tombé et elles s'étaient toutes serrées dans un coin ». « On se demande comment tient le reste du bâtiment. A mon avis, il ne va pas tarder à tomber aussi », observe un élu du canton.
« Plusieurs centaines de sinistres, essentiellement dans l'élevage hors sol, ont été déclarés depuis le week-end et il en arrive tous les jours », constate Jean-Yves Le Diouron, administrateur d'une compagnie qui assure les 2/3 des agriculteurs de la région. « Il y a les dégâts, mais il y a aussi les pertes d'exploitation ». Les expertises sont en cours, mais certains sinistres « pourraient avoisiner le million d'euros », estime-t-il. « Les Côtes d'Armor concentrent 90 % des cas, le Finistère et le Morbihan, 5 % chacun », précise-t-il.
"C'est une vraie catastrophe économique"
Les dégâts « suivent la ligne de crête des monts d'Arrée », dans le sud-ouest du département, là où la neige est tombée en très grande quantité. « Le cap des 600 sinistres est franchi mais ce n'est qu'une première évaluation, en dessous de la réalité », assure un autre élu du secteur, le sénateur (PS) Yannick Botrel, qui demande à l'Etat de reconnaître l'état de catastrophe naturelle. « De mémoire d'homme, personne ne se souvient avoir vu quelque chose comme ça », pointe-t-il.
De l'avis de tous, le poids de la neige, particulièrement lourde, est la cause de ces effondrements, y compris pour des bâtiments récents. Le poids de la neige était de l'ordre de 50 kg/m2, soit 50 tonnes pour 1.000 m2 de toiture, estime M. Le Diouron. Dans cette campagne très accidentée, l'élevage hors sol est considéré comme le seul moyen permettant la survie de l'agriculture, unique activité économique.
Mais cette nouvelle fragilisation des exploitations, venant après plusieurs crises successives, inquiète. « Si on met tout ça bout à bout, c'est une vraie catastrophe économique », assure M. Bouillennec. « Refaire des bâtiments ? Avec quel argent ? Il n'y a pas un tiers des poulaillers qui sera repris », prédit-il. Jean-Yves Derrien se pose la question: « J'ai 57 ans. J'en aurai 58 quand ce sera refait. J'arrête ou je continue encore un peu ? Mais si je continue, je ne suis pas sûr qu'il y aura grand monde pour racheter ma ferme ! ».
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