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Crise agricole vue par l'Ocde Quarante ministres d’accord sur le diagnostic mais flous sur les remèdes

Il n’y a jamais eu autant de débats et de discussions sur l’agriculture depuis quelques semaines. Le dernier en date, la rencontre à Paris de plus de quarante ministres ces 25 et 26 février pour discuter de sécurité alimentaire, d’échanges commerciaux ou du fonctionnement des marchés agricoles. Et parler d’avenir. L’agriculture est un secteur stratégique.

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La présidence du comité des ministres de l'agriculture.
(© Terre-net Média)
Ces jeudi et vendredi 25 et 26 février, à Paris, quarante ministres de l’agriculture des pays membres de l’Ocde, ou pas encore, se sont réunis pour la première fois depuis douze ans pour parler d’agriculture !
Et si s’entendre à Vingt-sept n’est pas aisé, alors à plus de quarante, la mission devient impossible. Sauf à s’en tenir à des grands principes. Et encore !

Ceci dit, le climat politique et économique a bien changé depuis douze ans et les idées de régulation ou encore d’exigence de transparence se déclinent dans toutes les langues. La crise économique, les défis alimentaires et la malnutrition conduisent les pays membres de l’Ocde les plus libéraux, à mettre, semble t-il, moins de zèle pour défendre leur vision de l’agriculture et de leur politique commerciale.

En fait, il n’a pas été difficile pour les Quarante de s'entendre sur le diagnostic à porter sur l’état de santé de l’agriculture mondiale, de ses paysans et des défis à relever : volatilité des prix, spéculation excessive, pauvreté, changement climatique et ses impacts sur la production agricole ou encore, parités monétaires et taux d’intérêt etc. L’agriculture occupe une place de première importance et tous les pays sont attachés à ce qu’elle remplisse les fonctions qui lui sont assignées: sécurité alimentaire (nourrir jusqu'à 9 milliards d'hommes d'ici 2050), emplois, développement économique, environnement…


L'affiche de la réunion des ministres de l'agriculture (© DR)
En revanche, à la fois unanimité et divergences entre les quarante pays sur les orientations à prendre pour relever les défis à venir. Les différences culturelles et économiques sont de toute façon trop importantes pour qu’il en soit autrement. Pour preuve, la présidence du comité de l’agriculture. Elle était conjointement assurée par Nikolaus Berlekovich, ministre autrichien dont le pays a répondu à « L’appel de Paris » pour une nouvelle la Pac régulée et Mr Carter, ministre néozélandais, dont le pays a toujours brillé par son libéralisme.

Ceci dit, le changement climatique affecte tous les pays et semble mobiliser toutes les énergies pour en atténuer les effets. Les lois du marché sont impuissantes face à ce phénomène.

L’importance à accorder à l’innovation pour apporter des solutions aux défis alimentaires et environnementaux à relever fait aussi l’unanimité des Quarante

Autre point d’entente : l’existence de marchés à terme pour atténuer les variations de prix et stabiliser les revenus des agriculteurs. Mais des marchés ouverts et transparents ce qui suppose, pour cela, « de donner à l’Ocde un mandat pour analyser leur fonctionnement ». Il est vrai que la spéculation n'est pas redoutée de la même façon par les Quarante.

Un accord aussi entre les Quarante pour « une juste répartition de la valeur ajoutée entre les membres d’une même filière ». Sur ce dernier point et sur quelques autres non cités dans cet article, on peut y voir l’empreinte de l’Union européenne sur la nature des bonnes résolutions retenues par les ministres de l’Ocde. Mais "L’appel de Paris" des Vingt-deux pays de l’Union et les nouveaux principes retenus cette semaine à Bruxelles pour discuter de la réforme de la Pac vont beaucoup plus loin que les voeux de régulation qui apparaissent dans les conclusions de la réunion des quarante ministres.

Rien de concret, aucune décision prise

Parmi les sujets de divergence, l’importance et la nature des soutiens publics à accorder à l’agriculture ou pour accompagner l'essor des échanges commerciaux. « Nous sommes convenus qu’un système commercial multilatéral fonctionnant correctement et soumis à des règles était essentiel » mais aucune proposition concrète ne ressort de ses discussions hormis là encore, une entente autour de grands principes suffisamment vagues pour que chacun des pays les interprète à sa façon. Pas d’unanimité non plus sur les normes sociales et environnementales à prendre en compte pour réduire les distorsions commerciales ou sur la nature des aides publiques qu’il serait judicieux d’apporter aux producteurs.

En attendant, « un aboutissement heureux des négociations en cours dans le cadre du programme de Doha pour le développement a été jugé essentiel » ainsi « que l’accès à des marchés ouverts et transparents des pays en développement ».  Il n’est pas question de sortir l’agriculture de l’Omc !

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