Objets du quotidien L'agriculture cherche un nouveau souffle dans la chimie verte
Rasoirs, stylos, cosmétiques ou peinture à base de céréales: les objets du quotidien se mettent au végétal, poussés par un secteur agro-industriel soucieux de valoriser des productions de moins en moins compétitives et d'en faire une alternative au pétrole.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
L'amidon de maïs, très prisé pour les objets du quotidien. (© Terre-net Média) |
Même les associations environnementales, très remontées contre les organismes génétiquement modifiés (Ogm), se disent « favorables » à la recherche en biotechnologie, qualifiée d' « intéressante ». Avec une réserve, les biocarburants, accusés d'entrer en compétition avec l'alimentation.
« La recherche dans la chimie du végétal a commencé dans les années 1990 et les applications sont arrivées dix ans plus tard », explique Franck Lamy, agronome à Unigrains, institut financier de la filière céréales qui investit dans de nouveaux secteurs, comme celui de la chimie du végétal. « Il y a encore quatre ans, on avait du mal à présenter des produits », ajoute-t-il.
Aujourd'hui, du sol au plafond, dans la chambre, la salle de bains ou le garage, les objets foisonnent
La chimie verte fait aussi une percée dans les cosmétiques. La molécule auto-bronzante la plus utilisée au monde, la Dha (dihydroxyacétone), est fabriquée à partir de céréales. L'amidon est apprécié pour ses propriétés émulsifiantes, moussantes et absorbantes. C'est grâce à lui que le dentifrice ne durcit pas dans son tube, que le gel douche mousse, que le stick de déodorant est transparent. Les cotons-tiges, casse-tête des sociétés de traitement d'eau, sont désormais biodégradables.
Premier producteur européen de céréales, la France a de « nombreuses cartes à jouer » dans des secteurs comme l'alimentation humaine, animale, la cosmétique, l'industrie pharmaceutique ou encore l'habitat, estime Cyrille Deshayes, chargé de la mission agriculture à l'organisation environnementale World Wildlife Fund (Wwf). Selon lui, avec la baisse actuelle des cours des céréales, la filière française a tout intérêt à valoriser une matière première agricole qui a de plus en plus de mal à concurrencer des produits en provenance de pays où les coûts d'exploitation sont moindres. M. Deshayes préconise le développement de nouvelles filières comme le lin, dont les graines peuvent être par exemple transformées en oméga 3, ou le chanvre dont les fibres servent à l'isolation des habitations.
Pour le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, « la recherche est décisive pour l'avenir de l'agriculture ». « Nous ferions une erreur historique en renonçant à la recherche en biotechnologie » alors que se pose l'équation de « produire plus tout en préservant l'environnement », juge-t-il. Même s'il faut avancer avec « prudence ». « On a confondu la recherche en biotechnologie avec le Monsanto 810 », le maïs Ogm (organisme génétiquement modifié), déplore-t-il. Mais « la recherche ne s'arrête pas au Monsanto, qui est un tout petit bout de la lorgnette ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :