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« Solutions locales pour un désordre global » Un documentaire engagé et à charge contre l'agriculture productiviste

Le film de Coline Serreau est sorti hier sur les écrans, mais plus de 20.000 cinéphiles avaient pu visionner le documentaire engagé « Solutions locales pour un désordre global » en avant première.

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On retrouve dans le film ces images de décharges à ciel ouvert
où des vaches cherchent de la nourriture. (© Terre-net Média)
Un film ? Plutôt un témoignage engagé et à charge. Faut-il aller le voir ?

Comme promis par la réalisatrice, le film propose des solutions, mais il dénonce aussi toute l'agriculture productiviste qui s'est développée après la guerre, ses travers, ce qu'elle est devenue aujourd'hui. Coline Serreau dénonce des pratiques, des faits. Mais le film est aussi là pour choquer, interpeler les spectateurs comme ces images de porcs blessés, en faisant, et c'est dommage, une généralité auprès d'un grand public qui a déjà parfois beaucoup d'a priori sur l'agriculture.

Témoignage à charge donc, où seuls les prédicateurs du bio, anti agriculture productiviste, sont invités à s'exprimer, sans laisser la place aux agriculteurs eux-mêmes.

Dans les « solutions locales », on aurait aimé voir davantage de témoignages d’agriculteurs français qui n’ont pas attendu ce documentaire pour mettre en place des débouchés locaux, des marchés de niche, des techniques culturales simplifiées etc… Les initiatives en ce sens sont pourtant nombreuses.

Les solution proposées soulèvent aussi de nombreuses questions telle : l'agriculture bio pourrait-elle nourrir le monde ?

Ceci dit, Coline Serreau met le doigt sur ce qui fait mal et accuse, mais elle montre aussi des exemples d'autres agricultures qui fonctionnent, tels ces paysans en Inde qui s'émancipent des semenciers en développant leurs méthodes alternatives pour produire autrement, ou cet agriculteur ukrainien qui produit bio sur 8.000 ha. Et alors, l'agriculture durable, écologique, capable de nourrir le monde devient possible dans la tête des spectateurs qui se demandent ce qu'on attend... On voit des cultures, des terres, des hommes épanouis. Mais ces exemples sont-ils une utopie de quelques uns, ou l'agriculture telle qu'elle est montrée dans le film est-elle vraiment réalisable à l'échelle de l'agriculture mondiale ?

Tout au long des 1h53 du film, le spectateur parcourt le monde, rencontre des paysans, des chercheurs, des agronomes, et découvre ce que pourrait être l'agriculture de demain.

Alors, faut-il aller le voir ? Avec ce type de documentaire à charge, soit on est déjà convaincu et il ne fera que conforter ses positions, soit on n’est pas d’accord et il ne fera que prouver les œillères de ses auteurs. A moins de réussir à prendre du recul (difficile avec ce genre de film orienté) pour aller le voir avec un œil critique, mais grand ouvert à tout ce que la réalisatrice propose.

Les intervenants du documentaire :

Vandana Shiva, Pierre Rabhi, Lydia Bourguignon, Claude Bourguignon, Devinder Sharma, Philippe Desbrosses, Dominique Guillet, Serge Latouche, Joao Pedro Stedile, Ana Primavesi, Antoniets Semen Sviridonovitch.

 

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L'affiche du festival (© D.R.)
La 12ème édition du festival international du film documentaire sur la ruralité intitulé « Caméra des champs » se tiendra du 26 au 30 mai 2010 à Ville-sur-Yron (Meurthe-et-Moselle).

Pendant quatre jours seront organisées des projections de films documentaires sur l’eau, l’environnement, l’installation ou encore le devenir des terres agricoles. Elles seront accompagnées de débats autour des films entre les spectateurs et les équipes des films.

Le festival est organisé par la commune et le foyer rural de Ville-sur-Yron, en Meurthe et Moselle.

J.C.

 

 

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