France La grande distribution popularise le bio, au risque de le dénaturer
La grande distribution surfe sur la vague bio en proposant des produits à prix cassés, une démocratisation bienvenue, mais qui suppose un recours massif aux importations et fait craindre aux producteurs de se voir imposer des tarifs ne leur permettant pas de vivre.
Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.
Le prix étant le principal frein à l'achat de produits issus de l'agriculture biologique, cette initiative devrait contribuer à démocratiser ce marché qui reste encore marginal. (© Terre-net Média) |
Le prix étant le principal frein à l'achat de produits issus de l'agriculture biologique, cette initiative devrait contribuer à démocratiser ce marché qui reste encore marginal (3 milliards d'euros en 2009, soit moins de 2 % de la consommation alimentaire des ménages français, qui s'est élevée à 140 milliards).
Acheter bio importé, ou local non bio ?
Mais l'offre de produits bio français étant inférieure à la demande, cette offensive de la grande distribution va se traduire par une hausse des importations, qui représentent déjà 38 % des produits consommés. Or, « un produit bio importé peut poser problème à une personne soucieuse de limiter son empreinte carbone », souligne Isabelle Senand, du cabinet Xerfi.
Acheter bio importé, ou local non bio ? Tel est le dilemme pour un nombre croissant de consommateurs, dont certains, qui se surnomment les « locavores », privilégient clairement la deuxième option. Le succès rencontré par le label « Le petit producteur », dont la photo est visible sur l'emballage du produit, ou par les Amap (Associations pour le maintien d'une agriculture paysanne), dont le principe est de créer un lien direct entre paysans et consommateurs, montre que le local commence à supplanter le bio.
Ne pas laisser les grandes surfaces dicter les règles au bio...
A lire aussi : - Agriculture biologique - Plus de 16.000 exploitations agricoles engagées dans le bio en France - Elevage laitier - La production de lait de vache bio ne décolle pas |
Manger bio ne doit pas se traduire par la « liquidation de la production dans nos terroirs », abonde Philippe Collin, porte-parole de la Confédération paysanne et producteur de céréales bio. Leur crainte ? Que les grandes et moyennes surfaces imposent à l'agriculture biologique les normes et le modèle de développement qu'elles ont, selon eux, réussi à imposer à l'agriculture conventionnelle.
« Le calibrage des fruits, c'est elles qui l'ont inventé », rappelle M. Marion. Et la concentration foncière, résultat d'une logique productiviste, « on voit ce que ça a donné: 50 % de paysans en moins... » « La grande distribution va se servir du bio comme d'un produit d'appel, pour regonfler ses marges, sans se soucier des dégâts sociaux que ça peut entraîner », estime Philippe Collin, qui redoute que les producteurs bio se voient imposer à leur tour « des prix qui ne leur permettent pas de vivre ».
Pour accéder à l'ensembles nos offres :