Login

Défi alimentaire Produire et consommer autrement pour nourrir 9 milliards d’hommes en 2050

Le 11 mai dernier, l’Association française des journalistes agricoles a organisé un colloque sur le thème « Produire plus pour nourrir la planète ou manger moins de viande ». Il en ressort que le défi alimentaire pour 2050 ne relève pas seulement de la capacité à produire davantage de produits agricoles pour nourrir 3 milliards d’hommes en plus.

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.


L'avenir est à l'agriculture écologiquement
intensive. (© Terre-net Média)
Le défi alimentaire des quarante prochaines années de nourrir 9 milliards d’hommes d’ici 2050 n’est pas plus important que celui des quarante dernières années durant lesquelles la population de la planète est passée de 2 à plus de 6,5 milliards d’hommes (bien que l'on dénombre environ un milliard de malnutris). D’autant que la natalité est depuis des années en nette régression dans de nombreux pays émergents ce qui ralentit considérablement la croissance démographique.

Des échanges entre experts (1) durant le colloque « Produire plus pour nourrir la planète ou manger moins de viande » organisé par l’Afja le 11 mai dernier, il ressort que pourvoir aux besoins aliementaires de 2,5 milliards d'hommes supplémentaires  relève d'avantage de "nourriture disponible" que "d’augmentation de la production agricole". Et pour l’accroître, Marion Guillou, directrice de l’Inra, envisage quatre scénarios.

Réduire le gaspillage et revoir l'organisation et l'accessibilité des marchés

Tout d'abord une réduction du gaspillage. Il représente parfois jusqu’à 50 % des quantités alimentaires disponibles aux Etats-Unis. Mais accroître la nourriture disponible, c’est aussi :

Gaz à effet de serre

Outre la réfaction des matières premières qu’il sera nécessaire de prendre en compte, le défi alimentaire de 2050 devra être atteint en prenant en compte la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique et ses impacts.
Il est frappant de constater que l’agriculture soit sur le banc des accusés, et l’élevage en particulier. Or les émissions de gaz inhrentes à l'agriculture s’inscrivent dans un cycle court (quelques années) tandis que celles liées à la combustion d’hydrocarbures relèvent d’un cycle long de plusieurs centaines de millions d'années. Aussi, l’idée que le défi alimentaire relève du sacrifice n’a aucun sens !
L’objectif de 2050 réside aussi dans la capacité des sociétés à revoir certaines habitudes alimentaires. « Le modèle occidental étendu à la planète est inenvisageable. Or l’augmentation du pouvoir d’achat dans les pays émergents conduit la population à le copier ».

L’Inde parvient à faire face d’autant mieux à la croissance de sa population que son régime alimentaire est essentiellement végétarien. Il est en effet possible de bien se nourrir avec une ration quotidienne composée à 18 % de protéines contre 35 % actuellement dans les pays riches.

Revoir certaines valeurs sociétales

Relever le défi de 2050 conduit ainsi à revoir certaines valeurs sociétales, et en particulier,  la représentation qu’ont les hommes de la nourriture, sa place ou encore les messages que les modèles alimentaires véhiculent. « La mondialisation de l’information a les mêmes effets que la mondialisation de l’économie avec un décalage entre les habitudes alimentaires et l’évolution de la production agricole », expliquait Louis Orenga du centre d’information sur les viandes.

Les quatre scénarios exposés sont les leviers à notre disposition pour relever le défi alimentaire de 2050 et relativisent, par leur nature, l’importance à accorder à la nécessité d’accroître la production agricole pour y parvenir. En sachant cependant, là encore, que la raréfaction des matières premières (phosphates, potasse, hydrocarbures) conduira l’agriculture a adopter des modèles de production durables et écologiquement intensifs. Ce qui suppose un retour en force de l’agronomie.

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement