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L'épandage de déchets urbains et agricoles Un intérêt agronomique à ne pas négliger

Chaque année, 868 millions de tonnes de déchets sont produits en France. 30 millions de tonnes de produits résiduaires organiques non agricoles et 374 millions de tonnes de déchets issus de l'agriculture sont épandus en France en raison de leur valeur fertilisante ou amendante. Sabine Houot de l'Inra revient sur les intérêts de cette pratique.

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L'épandage des effluents d'élevage, un problème de territoires aussi.
 (© Terre-net Média)
Le retour au sol des déchets organiques se justifie par leur valeur agronomique.

Dès les premiers épandages, leurs effets sur la qualité des sols sont visibles selon les résultats présentés par Sabine Houot, chercheuse à l'Inra.

Les épandages de produits résiduaires organiques (effluents d’élevage, boues de stations d’épuration, déchets verts…) ne présentent pas de risques à court/moyen terme, s’ils sont effectués dans les conditions réglementaires.

Quel intérêt de ce retour au sol des déchets ?

Les déchets organiques ont une valeur fertilisante, ils apportent  des éléments nutritifs pour les plantes, tels que l’azote et le phosphore. Ils ont aussi une valeur amendante, permettant de restaurer les teneurs en matière organique (MO) des sols. Leur retour au sol « contribue à améliorer la fertilité des sols, augmente le rendement des cultures et stimule l’activité biologique des sols », détaille Sabine Houot. Mais il faut que leur « innocuité soit garantie ».

Quels impacts réels sur les sols ?

La mise en place de réglementations sur l’épandage des boues, les critères d’innocuités, les concentrations et les flux en Etm et Mpo est indispensable. Selon Sabine Houot de l’Inra, si des règles existent déjà ou sont en cours d'élaboration, des essais à plus long terme et des réglementations plus strictes seront sans doute nécessaires.

Les essais menés par l’Inra pour évaluer la valeur amendante des apports de composts et de fumiers montrent qu'ils permettent « l’augmentation des teneurs en carbone organique des sols, en fonction de la nature des produits résiduaires apportés » (figure 1).


Figure 1 : Augmentation des teneurs en carbone organique du sol dans l'horizon de labour pour divers traitements : fumier et différents composts. (© DR)

Les études de stabilité des sols, menées sur des parcelles à sols limoneux, ont montré une amélioration significative de la stabilité des agrégats (figure 2).


Figure 2 : Evolution relative au traitement témoin (valeur1) de la stabilité de la structure des sols dans les différents traitements organiques sur sept ans. (© DR)

La fertilité des sols est largement dépendante de la structure des communautés microbiennes, mais les résultats d’essais ne montrent pas de modification de ces structure ou de l'activité microbiologique des sols, suite à l’épandage de produits résiduaires organiques (Pro). En revanche, des effets remarquables concernent la microfaune lombricienne : « Les vers de terre sont très importants dans les sols pour leur rôle dans différents processus chimiques et physiques, explique Sabine Houot. L’apport de compost d’ordures ménagères résiduaires a des effets positifs sur l’abondance et la taille des vers de terre. Le compost de boues, lui, a des effets limités ».

Un problème de territoires

374 millions de tonnes de déchets organiques sont produits, par l’agriculture, chaque année et recyclés à 100 %. Mais, leur distribution spatiale est hétérogène, notamment avec des bassins de production souvent éloignés des zones de besoins en éléments fertilisants et en matière organique (exemple Bretagne/Beauce). Cet éloignement et le grand nombre d’acteurs impliqués dans la gestion, le transport, le contrôle, l’épandage, nécessitent une approche territoriale.

La gestion de la fertilisation est plus difficile avec les sources organiques. Suivant la nature des déchets, on ne connaît pas exactement leurs valeurs fertilisante et amendante. Des analyses au cas par cas sont  donc nécessaires pour une réelle maîtrise de la valeur agronomique de ces apports.

Une volonté politique de protection des sols...

Une volonté politique existe pour enrayer les phénomènes d’appauvrissement, de contamination et d’érosion des sols via, par exemple, le Grenelle (augmentation de la part recyclée des déchets, incluant le retour au sol) ou le projet de directive cadre européenne sur les sols.

L’Europe met en chantier une directive pour la protection des sols

Endiguer les phénomènes de dégradation des sols et remettre en état ces derniers: tel est l’objectif visé par la Commission européenne dans le cadre de son sixième programme sur l’environnement. Les sols subissent en effet de nombreuses menaces : l’érosion, l’imperméabilisation (recouvrement des sols par des infrastructures), la baisse des teneurs en matière organique, la contamination, le tassement, la diminution de la biodiversité, la salinisation, les inondations et les glissements de terrain.

Parmi les divers scénarii, la Commission a retenu celui de la mise en place d’un cadre législatif souple qui donnera, à tous les Etats membres, un socle commun tout en leur laissant des marges de manœuvre.

A lire aussi : L'épandage de déchets urbains et agricoles - Quels sont les risques réels ?

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